février 2007 (10)
mercredi 28 février 2007
COMME LA FRAISE A GOÛT DE FRAISE…
mercredi 28 février 2007.
On sait que les Propos d'un Normand du philosophe Alain ont paru chaque jour sous ce titre dans la Dépêche de Rouen, du 16 février 1906 au 1er septembre 1914. La série entière comprend 3098 propos qui semblaient voués à l'oubli. Mais quelques lecteurs fervents s'entendirent pour conserver, parmi ces courts textes quotidiens, ceux qu'ils avaient le plus admirés.
Au sujet de ces Propos vivifiants, parfois drôles, Jean Jaurès écrivait le 15 mars 1914 : « Ce sont des notes rapides sur les sujets les plus variés et j'y trouvai un sens si tranquille et si pénétrant de la réalité, une telle force d'observation et d'analyse, une attention si exacte de n'être jamais dupe des apparences et des fictions, et en même temps un style si pur, si souple, si pénétrant que j'éprouvai un enchantement d'esprit. » Il ajoutait : « Les Propos me paraissent, à bien des égards, un des chefs-d'œuvre de la prose française. »
Je me réfère souvent à ces billets du philosophe Alain, tant pour le fond que pour la forme (voir le texte Regarde au loin du jeudi 18 janvier 2007), c'est un massage de l'âme et le texte que je propose aujourd'hui à propos du suicide d'un adolescent est intemporel et vivifiant : paradoxalement, Alain exalte la vie savoureuse et conclut : mourir, c'est renoncer.
Au sujet de ces Propos vivifiants, parfois drôles, Jean Jaurès écrivait le 15 mars 1914 : « Ce sont des notes rapides sur les sujets les plus variés et j'y trouvai un sens si tranquille et si pénétrant de la réalité, une telle force d'observation et d'analyse, une attention si exacte de n'être jamais dupe des apparences et des fictions, et en même temps un style si pur, si souple, si pénétrant que j'éprouvai un enchantement d'esprit. » Il ajoutait : « Les Propos me paraissent, à bien des égards, un des chefs-d'œuvre de la prose française. »
Je me réfère souvent à ces billets du philosophe Alain, tant pour le fond que pour la forme (voir le texte Regarde au loin du jeudi 18 janvier 2007), c'est un massage de l'âme et le texte que je propose aujourd'hui à propos du suicide d'un adolescent est intemporel et vivifiant : paradoxalement, Alain exalte la vie savoureuse et conclut : mourir, c'est renoncer.
jeudi 22 février 2007
POÈME POUR TROIS DÉFINITIONS
jeudi 22 février 2007.
Stéphane Bouquet est né en 1967. « Dans l'année de cet âge » est son premier livre. Il est sous-titré : 108 poèmes pour E et les proses afférentes. C'est-à-dire que la 1ère partie est constituée de 108 poèmes plus ou moins sibyllins et que la 2ème partie renferme les 108 commentaires en prose correspondants.
J'aime ce va et vient, j'aime cette immense poète qui me touche et m'émeut au plus profond (me fait sourire parfois) car son écriture poétiquement bancale évoque si bien le temps qui passe, le corps qui se délabre, l'émotion que procurent les jeunes mecs bandants.
…et aussi la mort qui, en se jouant ou en ricanant, progresse.
J'aime ce va et vient, j'aime cette immense poète qui me touche et m'émeut au plus profond (me fait sourire parfois) car son écriture poétiquement bancale évoque si bien le temps qui passe, le corps qui se délabre, l'émotion que procurent les jeunes mecs bandants.
…et aussi la mort qui, en se jouant ou en ricanant, progresse.
mardi 20 février 2007
LE BŒUF MODE À L’ANCIENNE DE MADAME YVON
mardi 20 février 2007.
Un jour que j'avais mangé chez Mme Yvon un « bœuf à l'ancienne » qui comblait au moins trois sens sur cinq – car outre sa saveur sombre et veloutée, sa consistance mi-fondante, il brillait d'une sauce caramelline, mordorée, cernée sur ses bords d'une graisse légère, couleur d'or – je m'écriai :
- Madame Yvon, c'est un chef-d'œuvre ! Avec quoi faites-vous ça ?
- Avec du bœuf, répondit Mme Yvon.
- Mon Dieu, je le pense bien… Mais tout de même, il y a dans cet accommodement un mystère, une magie… On doit pouvoir, à une merveille comme celle-là, donner un nom ?
- Bien sûr, répondit Mme Yvon. C'est du bœuf. »
PRISONS ET PARADIS, 1932
- Madame Yvon, c'est un chef-d'œuvre ! Avec quoi faites-vous ça ?
- Avec du bœuf, répondit Mme Yvon.
- Mon Dieu, je le pense bien… Mais tout de même, il y a dans cet accommodement un mystère, une magie… On doit pouvoir, à une merveille comme celle-là, donner un nom ?
- Bien sûr, répondit Mme Yvon. C'est du bœuf. »
PRISONS ET PARADIS, 1932
lundi 19 février 2007
LETTRE A UN JEUNE POÈTE
lundi 19 février 2007.
C'est la lettre de Rainer Maria RILKE du 23 décembre 1903. Il y est question d'enfance, d'attente, d'ouverture à cet Inédit qu'on n'accueille que dans le silence d'une solitude choisie.
En ce temps où tout bouillonne en moi après la rédaction tumultueuse et torrentueuse de mon dernier ouvrage, comment ne pas vibrer au conseil du Sage : « Qu'il s'agisse du souvenir de votre propre enfance ou du besoin passionné de votre accomplissement, concentrez-vous sur tout ce qui se lève en vous, faites-le passer avant tout ce que vous observez au-dehors. Vos événement intérieurs méritent tout votre amour. Vous devez pour ainsi dire y travailler, sans perdre trop de temps ni trop de force à éclaircir vos rapports avec les autres. (…) Soyez patient et de bonne volonté. Le moins que nous puissions faire, c'est de ne pas plus Lui résister que ne résiste la Terre au Printemps, quand il vient.
En ce temps où tout bouillonne en moi après la rédaction tumultueuse et torrentueuse de mon dernier ouvrage, comment ne pas vibrer au conseil du Sage : « Qu'il s'agisse du souvenir de votre propre enfance ou du besoin passionné de votre accomplissement, concentrez-vous sur tout ce qui se lève en vous, faites-le passer avant tout ce que vous observez au-dehors. Vos événement intérieurs méritent tout votre amour. Vous devez pour ainsi dire y travailler, sans perdre trop de temps ni trop de force à éclaircir vos rapports avec les autres. (…) Soyez patient et de bonne volonté. Le moins que nous puissions faire, c'est de ne pas plus Lui résister que ne résiste la Terre au Printemps, quand il vient.
jeudi 15 février 2007
L’APOLLON DE LA NUIT
jeudi 15 février 2007.
Dans un livre récent, mon grand ami le comédien Denis Daniel raconte avec humour et émotion ses souvenirs amoureux, souvent coquins, jamais triviaux. Car l'aventure du théâtre s'arrête rarement dans les coulisses !
mercredi 14 février 2007
ETRANGE RENCONTRE
mercredi 14 février 2007.
Je ne connais de ce texte que le nom de son auteur dont j'ai d'ailleurs lu très peu de choses : Simone Weil. De quel livre est tirée cette étrange parabole, quelle référence bibliographique, je l'ignore (peut-être un internaute me mettra-t-il sur la piste ?)
Ce que je sais par contre, c'est que ce texte lu par hasard hier soir m'a touché. Une réminiscence évangélique sans aucun doute, un appel à laisser sourdre en soi l'Inédit, hors assignation à résidence, hors sentiers battus, hors étiquette à la boutonnière…
Ce que je sais par contre, c'est que ce texte lu par hasard hier soir m'a touché. Une réminiscence évangélique sans aucun doute, un appel à laisser sourdre en soi l'Inédit, hors assignation à résidence, hors sentiers battus, hors étiquette à la boutonnière…
lundi 12 février 2007
CHERS PETITS ANGES
lundi 12 février 2007.
Je relis LES MOTS de Jean-Paul Sartre (l'un des 5 trésors sur ma table de chevet !) Toujours le même éblouissement, le même émoi devant une telle lucidité sur l'enfance et cet art consommé de l'écriture autobiographique. Oui, la « mauvaise foi » nous guette dès l'enfance - piège délicieux - pour échapper à la comédie du prétendu Bonheur que les grandes personnes attribuent arbitrairement aux enfants.
Question : que devient cette mauvaise foi quand elle a grandi avec l'adulte que je suis devenu ? En d'autres mots, où en suis-je de ma sincérité ?
Question : que devient cette mauvaise foi quand elle a grandi avec l'adulte que je suis devenu ? En d'autres mots, où en suis-je de ma sincérité ?
mercredi 7 février 2007
TU VIENS, CHÉRI ?
mercredi 7 février 2007.
Pierre Desproges est un grand philosophe. Un très grand. Un très très grand. Dans le peloton de tête, juste après Jean-Saul Partre et bien avant Chopinhorrer, bon dernier). Son plus fameux opus, selon moi, est « Vivons heureux en attendant la mort ». Résumé : le jour où notre héros est sur le point de rencontrer la camarde… il décide qu'il n'en veut pas, pour des raisons tellement mesquines qu'on se prendrait à douter de sa sincérité ! Mais, comme disait feu Mao Tsé-tsé toung, sale temps, les mouches pètent.
lundi 5 février 2007
TIC TAC TIC TAC TIC TAC…
lundi 5 février 2007.
Avec le temps va tout s'en va…
Tic tac tic tac tic tac
Une semaine de plus en moins
Une journée de plus en moins
Une heure de plus en moins
Tic tac tic tac tic tac
Avec le temps va tout s'en va…
Tout va peut-être arriver…
Aujourd'hui ?
A la minute même !
« … les minutes sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or. »
Envie ce matin de relire en urgence L'HORLOGE de Baudelaire,l'une de mes fleurs vénéneuses préférées.
Tic tac tic tac tic tac
Une semaine de plus en moins
Une journée de plus en moins
Une heure de plus en moins
Tic tac tic tac tic tac
Avec le temps va tout s'en va…
Tout va peut-être arriver…
Aujourd'hui ?
A la minute même !
« … les minutes sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or. »
Envie ce matin de relire en urgence L'HORLOGE de Baudelaire,l'une de mes fleurs vénéneuses préférées.
jeudi 1 février 2007
NATHANAËL
jeudi 1 février 2007.
Un peu de lyrisme aujourd'hui pour purifier l'atmosphère ! Cette page de Gide – Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur ! – soigneusement calligraphiée sur mon journal de bord il y a bien des années, combien de fois l'ai-je lue et relue ! Ce texte ne prouve rien, n'explique rien, son ton d'injonction fiévreuse peut même agacer, je trouve personnellement qu'il charrie une force poétique, un élan de tornade et de joyeuse liberté propre à dissiper tous les miasmes. La mention de « Dieu » à la fin m'irrite un peu, c'est une manie chez l'auteur, mais l'instance est métaphorique : il s'agit du Bonheur de l'instant. Oui, par-dessus les caniveaux de la politique et l'ennui visqueux de nos existences, que vienne l'Aurore ! Mais lequel d'entre nous peut accepter ce défi : « une existence pathétique plutôt que la tranquillité !"