novembre 2007 (21)

vendredi 30 novembre 2007

CURE DE POÉSIETHÉRAPIE (16ème leçon)

Depuis le 3 août dernier, avant chaque week-end et pour une quarantaine de rendez-vous hebdomadaires (si Pouet-Pouet me prête vie !) je propose à mes aficionados une cure de POÉSIETHÉRAPIE selon les recettes éprouvées de Jean-Joseph JULAUD. Un expert ! De quoi aller mieux tout en découvrant ou redécouvrant les plus belles pages de notre Littérature, émollientes ou roboratives suivant le cas. L'idéal – outre les bienfaits pour le mal concerné (migraine, mélancolie, éjaculation précoce, coliques néphrétiques, constipation, insomnie… mal d'amour !), serait d'apprendre par cœur chaque texte puisque la mémoire est un muscle bien trop négligé.

Lire la suite

jeudi 29 novembre 2007

TRISTES TROPIQUES

On va fêter le centième anniversaire de Claude Lévi-Strauss. En 1955, son livre fit l'effet d'une bombe. Dans un style racé (quelle prose magnifique !), après avoir confessé dans les premières pages (voir l'extrait) son aversion pour les voyages, l'auteur aboutissait à un constat pour le moins désabusé : l'arrogante civilisation occidentale ne semble amener partout que guerre et désolation, provoquant l'extinction de nombreuses peuplades « primitives » et dévastant l'écosystème. De ce point de vue, les tropiques paraissent bien « tristes », car les voyages nous montrent finalement « notre ordure lancée au visage de l'humanité »... Ouvrage poignant, Tristes tropiques porte en soi le remords de l'Occident et la difficile posture de l'ethnologue, écartelé entre des mondes inconciliables.
Prophétique, non ?

Lire la suite

mercredi 28 novembre 2007

ANGE OU SIRÈNE, QU’IMPORTE ?

Le chanteur Jean-Louis Murat évoquait hier ici le poète Baudelaire dont il s'est inspiré pour son dernier album « Charles et Léo ». Pourquoi ne pas rendre hommage encore et toujours à cette source inestimable pour s'en griser ?
Oui, la Poésie ne sert à rien, mais qu'importe – fée aux yeux de velours, ô mon unique reine – si tu rends l'univers moins hideux et nos instants moins lourds ?

Lire la suite

mardi 27 novembre 2007

SE GOINFRER, DIT-IL

La crise du disque est un leurre, expliquait récemment le chanteur Jean-Louis Murat dans une interview-choc. L'offre musicale est intacte, la demande croissante. Selon lui, le responsable des maux de l'industrie musicale est le Web, système qui autorise le vol, l'anonymat, l'hypocrisie, et qui mène à la délation.
En tant qu'écrivain jaloux de ses droits d'auteur, je ne peux qu'être d'accord : la grande Toile est dangereuse lorsqu'elle court-circuite temps et espace, crée une convivialité virtuelle et assassine les poètes authentiques par une marchandisation du talent.

Lire la suite

lundi 26 novembre 2007

OBSERVATIONS

Il convient d'accorder ses lectures à ses états d'âme, ne pas s'euphoriser artificiellement. C'est ce que j'avais déjà appris en musicothérapie : si le cœur est à la mélancolie et que vous ingurgitez de l'Offenbach à hautes doses, votre mal-être empirera. Il vaut mieux décliner votre spleen avec, par exemple, les Kindertotenlieder de Mahler. Si j'applique cette thérapeutique à la littérature, Cioran pour moi aujourd'hui c'est parfait !

Lire la suite

vendredi 23 novembre 2007

CURE DE POÉSIETHÉRAPIE (15ème leçon)

Depuis le 3 août dernier, avant chaque week-end et pour une quarantaine de rendez-vous hebdomadaires (si Pouet-Pouet me prête vie !) je propose à mes aficionados une cure de POÉSIETHÉRAPIE selon les recettes éprouvées de Jean-Joseph JULAUD. Un expert ! De quoi aller mieux tout en découvrant ou redécouvrant les plus belles pages de notre Littérature, émollientes ou roboratives suivant le cas. L'idéal – outre les bienfaits pour le mal concerné (migraine, mélancolie, éjaculation précoce, coliques néphrétiques, constipation, insomnie… mal d'amour !), serait d'apprendre par cœur chaque texte puisque la mémoire est un muscle bien trop négligé.
Aujourd'hui – très exceptionnellement – je vole de mes propres ailes et abandonne Julaud. Pour ces temps difficiles (je pense à la grève, au pouvoir d'achat, au froid, au bouffon de l'Elysée…) je suggère un brin de poésie érotique. Ça tombe bien : levés tôt, couchés tard, comprimés et stressés, les « usagers en otage » (vieux slogan UMP) ne sont guère en état de faire l'amour le soir. Les pauvres ! Qu'en est-il des provinciaux ? En tout cas, moi, je me régale : je viens d'hériter de l'œuvre érotique complète de Pierre Louÿs. Quelle merveille ! Et comme je sais gré à mon vieil ami, le cher Père L., de m'avoir légué avant de disparaître le fleuron de sa très éclectique bibliothèque !
C'est franchement polisson et merveilleusement écrit. Avec des ruptures de ton, graveleux ici (ah ! l'enfance innocente, mon œil !), lyrique plus loin. D'autre part, cette littérature exclusivement hétérosexuelle, donc plutôt nouvelle pour moi, est aussi exotique, rafraîchissante et tonique que deux semaines aux Seychelles. Inespéré, non ? Ci-après quelques copieux spécimens, je n'ai pas lésiné : après 10 jours de grève, il faut se requinquer, n'est-ce pas, baiser plus pour vivre plus ! Et pour cela, à l'évidence, rien ne vaut ensuite les travaux pratiques.
Une chose est en tout cas certaine : à ce que j'ai déjà pu en juger, toute l'œuvre érotique de Louÿs semble d'abord être l'expression de sa fascination pour le langage. De là l'irrésistible volupté qu'éprouve l'écrivain non pas tant à décrire certaines scènes qu'à tracer certains mots. Transcription particulièrement volupueuse quand on sait avec quel soin le poète calligraphiait la moindre ligne, de sa splendide écriture violette aux longs jambages et aux belles boucles.
Oui, notre conviction est unanime : le langage parvient à créer ce qu'il représente : verba efficiunt quod significant

Lire la suite

jeudi 22 novembre 2007

RÉCRÉATION « LITTÉRAIRE »

C'est parti ! Depuis 10 jours, mon nouveau roman est en gestation. Déjà 80 pages de rédigées, ma caboche carbure, le clavier est incandescent. Envie de pondre un gros bouquin, plein de suspense, une sorte de feuilleton à la Ponson du Terrail dans un climat un peu trouble (mi-fantastique mi-sensuel pour ne pas dire SM). Titre provisoire : « Le manoir de Merval ». Pas de chichi littéraire, le moins possible d'effusions psychologisantes, pas une once de religion, juré craché, bref le pavé efficace pour l'été 2008 (à emporter sur la plage) dans le style roman de gare, de quoi assommer sa belle-mère d'un seul coup (400 à 500 pages). C'est pour cela que, prudent et lucide, j'ai mis des guillemets au qualificatif « littéraire » dans le titre du billet. « Para-littéraire » aurait mieux convenu. Madame Femina, dois-je mettre le holà ? Monsieur Goncourt, me pendrez-vous haut et court ?Merde, j'ai bien le droit de m'accorder une récré ! Ci-après, car je suis sympa, les premières pages. Merci, cher(e) ami(e) internaute, de m'encourager ; sinon je change de métier ou je me fais hara-kiri en me jetant sous une rame (pas folle la guêpe, le métro est toujours en grève !!).

Lire la suite

mercredi 21 novembre 2007

PERPLEXITÉ

Quand je considère la petite durée de ma vie, absorbée dans l'éternité précédant et suivant, le petit espace que je remplis et même que je vois, abîmé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraie et m'étonne de me voir ici plutôt que là ; car il n'y a point de  […]

Lire la suite

mardi 20 novembre 2007

TOUS COMPLICES ?

Qu'y a-t-il en commun entre une grève des cheminots en 2007 et celle des mineurs au début du siècle dernier ?
Le philosophe Alain (écologiste avant l'heure) donne son point de vue à la une de "la Dépêche de Rouen" (10 mars 1912)
Sophisme désuet ? Pas si sûr…

Lire la suite

lundi 19 novembre 2007

LA BÊTE HUMAINE

6ème jour de grève.
Tenez bon, les gars !

Lire la suite

vendredi 16 novembre 2007

CURE DE POÉSIETHÉRAPIE (14ème leçon)

Depuis le 3 août dernier, avant chaque week-end et pour une quarantaine de rendez-vous hebdomadaires (si Pouet-Pouet me prête vie !) je propose à mes aficionados une cure de POÉSIETHÉRAPIE selon les recettes éprouvées de Jean-Joseph JULAUD. Un expert ! De quoi aller mieux tout en découvrant ou redécouvrant les plus belles pages de notre Littérature, émollientes ou roboratives suivant le cas. L'idéal – outre les bienfaits pour le mal concerné (migraine, mélancolie, éjaculation précoce, coliques néphrétiques, constipation, insomnie… mal d'amour !), serait d'apprendre par cœur chaque texte puisque la mémoire est un muscle bien trop négligé.
Aujourd'hui, le poète va tenter de servir d'antidote à la déprime. Normal, et risqué, avec la semaine éprouvante qu'on est en train de vivre, à pieds, en rollers, en trottinettes… bref, tout sauf en métro et en train. 2h 45 hier soir pour rentrer à la maison, 1 heure de marche à pied dans les rues de Paris… mais ça met en forme et ne discrédite pas le moins du monde l'indispensable grève pour casser le libéralisme rampant !

Lire la suite

jeudi 15 novembre 2007

INTERVIEW

Un plaidoyer pro domo, ça ne se refuse pas, n'est-ce pas ? C'est bon pour l'ego…. Et pour la pile de livres qui s'entassent dans ma chambrette! Bref, c'est paru dans le dernier numéro de RG, revue gay du Québec (décembre 2007).

Lire la suite

mercredi 14 novembre 2007

L’ENFER SEXUEL, C’EST LES AUTRES

Au début de l'automne, le président iranien, Mahmoud Almadinejad, s'exprimant devant 800 personnes à l'université de Columbia de New York, a provoqué une soudaine hilarité en prononçant ces mots : « En Iran, nous n'avons pas d'homosexuels, comme dans votre pays. En Iran, nous n'avons pas ce phénomène. »

Lire la suite

mardi 13 novembre 2007

HISTOIRE DE PIGEONS

Hier, dans un square devant l'église de la Trinité, je bâillais aux corneilles avec mon ami de cœur. Nous nous chauffions au pâle soleil de novembre. Plusieurs volatiles nous importunaient et nous en étions tombés l'un et l'autre d'accord : même agrémentés de tendres petits pois, ces oiseaux sont laids et dégénérés – du moins dans la capitale où ils becquettent à peu près n'importe quoi.
L'heure était à la mélancolie, à l'inquiétude face au lendemain… Il était question de départ à l'étranger, d'une grave décision à prendre, de faire le tri entre l'avoir et l'être, de balancer entre la compétence technique et les aspirations de l'âme, bref de peser le pour et le contre… Plus que jamais, le cœur a ses raisons que la raison ne doit surtout pas connaître. A moins que…
En rentrant chez moi, songeant à l'ami désorienté, revenant sur mon propre désarroi, j'ai repensé aux pigeons qui, décidément, ne trouvent grâce à mes yeux que dans les pages du cher fabuliste.

Lire la suite

lundi 12 novembre 2007

L’AUBE MÉRIDIONALE

Israël, Palestine, Gaza… Une quarantaine d'années plus tard, les choses ont-elles beaucoup changé ? Sauf que les enfants de Pasolini ont pris des rides et du ventre… ou n'ont peut-être pas pu vieillir. Mais qu'est devenue leur rage ? Et la tendresse est-elle à jamais perdue comme le sang qui imbibe la terre et redevient poussière ? En feuilletant dimanche dernier les Poésies de Pier Paolo, j'ai retrouvé, inchangée, ma mélancolie face à celui qui reste mon phare et mon émoi. Il disparut tragiquement le 2 novembre 1975 sur une plage d'Ostie. Crime jamais élucidé. Il avait écrit son premier poème à l'âge de 7 ans et n'avait jamais renoncé à cet art, en dépit de son engagement dans le monde du cinéma, de la critique, de l'action politique. "Adulte ? Jamais – jamais comme l'existence qui ne mûrit pas – reste toujours verte de jour splendide en jour splendide."

Lire la suite

vendredi 9 novembre 2007

CURE DE POÉSIETHÉRAPIE (13ème leçon)

Depuis le 3 août dernier, avant chaque week-end et pour une quarantaine de rendez-vous hebdomadaires (si Pouet-Pouet me prête vie !) je propose à mes aficionados une cure de POÉSIETHÉRAPIE selon les recettes éprouvées de Jean-Joseph JULAUD. Un expert ! De quoi aller mieux tout en découvrant ou redécouvrant les plus belles pages de notre Littérature, émollientes ou roboratives suivant le cas. L'idéal – outre les bienfaits pour le mal concerné (migraine, mélancolie, éjaculation précoce, coliques néphrétiques, constipation, insomnie… mal d'amour !), serait d'apprendre par cœur chaque texte puisque la mémoire est un muscle bien trop négligé.
Et comme la Grande Fête Dégoutante approche, ne pas hésiter à faire un traitement préventif avec un lot de 2 poèmes en guise de pré-étrennes !

Lire la suite

jeudi 8 novembre 2007

OHÉ OHÉ MATELOTS

« Qu'est-ce qui vous fait ces voix désespérées que vous avez le soir quand vous venez vers nous ? » Oui, ils ne sont pas contents, nos hommes de la mer - amers et désenchantés - et ils le font savoir. Et, je ne sais pourquoi, ces humbles héros me deviennent encore plus sympathiques. Depuis toujours, leur audace me fascine et il ne faudrait vraiment pas qu'ils restent à terre à planter des choux, comme des Bretons dénaturés. Oui, depuis l'enfance leur vie, avec ou sans carburant, plutôt « sans », me fascine et m'effraie délicieusement… depuis que je me récitais dans l'ombre du dortoir ce très noir poème (qui est sans doute le plus parodié de toute la poésie française !) :

Lire la suite

mercredi 7 novembre 2007

GONCOURT

JUSQU'A LA DERNIÈRE MINUTE lundi dernier, les jurés ont hésité. Le cas ne s'était jamais présenté depuis l'attribution du 1er prix Goncourt en 1903.

Lire la suite

mardi 6 novembre 2007

LA POSTÉRITÉ DES ASTICOTS

Je les appelle « clochards » parce qu'il faut bien leur donner un nom. Celui-là n'est en rien meilleur que les autres, sinon qu'il renvoie à des images partagées, en France, par tout le monde.

Lire la suite

vendredi 2 novembre 2007

LE CULTE DES MORTS

Mon grand ami B. est décédé il y a quelques semaines et sa présence continue de s'agripper à moi… parfois… souvent… obstinément, me laissant entre perplexité et regret, entre acceptation et révolte. Bref, « je ne m'y fais pas ! » Difficile de faire le deuil de sa présence, de sa voix, de cet air bourru qui me touchait tant, de ses colères homériques, de sa tendresse et de son humour soigneusement camouflées… Jamais père et mère ne m'ont poursuivi ainsi, peut-être parce qu'on ne choisit jamais ses géniteurs, alors qu'on choisit et cultive les ami(e)s rares et qu'une fois disparus, ces chers « alter ego » ne nous laissent plus en repos. En témoigne ce texte de mon cher philosophe Alain : je ne comprends pas tout, je n'adhère pas à tout, mais cette page m'a fait du bien, simplement peut-être parce qu'elle renvoie au présent… et à la promesse d'un nouveau printemps, même s'il sera dépeuplé.« Un de plus en moins »… selon la formule qui accompagne chacun de mes matins.

Lire la suite

jeudi 1 novembre 2007

TOUSSAINT ou l’amère victoire

L'Eglise compte-t-elle en son sein plus de saints que de malsains ? (Parfois imbriqués intimement dans le même individu.) Le christianisme a-t-il fait dans son histoire plus de victimes que de martyrs ? Et l'immense armée des martyrs chrétiens sont-ils plus méritants – ou plus à plaindre – que la nuée d'ascètes, de névrosés, de frustrés, de cloîtrés, d'emmurés, d'anachorètes, de cénobites, de castrés pour le Royaume des Cieux ? J'ai ma petite idée sur la question et José SARAMAGO aussi ! Son formidable roman « L'évangile selon Jésus-Christ » met en scène un pauvre Jésus manipulé – instrumentalisé, comme on dit aujourd'hui – par un Dieu sadique et insatiable. Et ce, pour le plus grand malheur de l'humanité. Le week-end dernier encore, ces 400 martyrs béatifiés par Benoît XVI instrumentalisant à son tour à son profit la guerre civile espagnole. Oui, ça n'en finit pas, ça n'en finira donc jamais, cette funèbre et absurde litanie, depuis Ieschoua mon amour crucifié sur le Golgotha jusqu'à Loïc de Garches grillé carbonisé place Notre-Dame en avril dernier…

Lire la suite