avril 2008 (23)

mercredi 30 avril 2008

« MERDE AUX DISCOURS TRISTES »

"Puissent les efforts et le travail de toute une vie, concentrée sur la recherche de cet instant de vérité pure qu'est la communion sublime de deux êtres envoûtés par l'indicible désir de l'autre, inspirer mes héritiers de cœur" écrit le cinéaste Jean Daniel Cadinot dans son ultime message.
Pour qui est friand de ses films pornos, comment ne pas se sentir un peu orphelin ? Lorsque je lui avais offert un exemplaire dédicacé de mon recueil de nouvelles érotiques « Communions privées », Jean-Daniel m'avait envoyé une carte FrenchArt très sympathique en concluant : « Cher Michel, vos thèmes me comblent ! » Aujourd'hui, que le Paradis d'Eros le comble pour l'Eternité !
Je lui dédie ce poème de Verlaine avant de mater ce soir ses « Plaisirs d'Orient ».

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mardi 29 avril 2008

DEMAIN LES BLÉS SERONT PLUS BEAUX

Le blé monte et descend
en même temps que l'argent
en même temps que le sucre
en même temps que l'acier
et le compte du travailleur
est sagement réglé
à l'octroi de Profit…


Décidément, l'Histoire bégaie et le Poète nous manque.

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lundi 28 avril 2008

MON ŒIL !

« La Télévision n'est qu'un œil vicieux et infirme, le cinéma des sous-développés. Un cyclope prétentieux et minable, un ver solitaire qu'on nous introduit. »René Char, poète

vendredi 25 avril 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (1)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Journal romanesque (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé plus de deux ans de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop romantique, trop adolescentrique, trop ceci, pas assez cela etc. Tant pis pour eux ! Et tant mieux pour mes chers Internautes qui vont s'approprier ce monument de la Littérature intimiste (!). Petite curiosité : y aura-t-il parmi eux des petits malins qui, semaine après semaine, vont « copier coller » le Journal de Paul de manière à se constituer une édition perso ? Je l'espère bien : c'est cadeau ! Tout plutôt qu'un manuscrit qui jaunit dans un tiroir. Et puis, ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal où à Paris où il dépérit, ce jeune homme est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… il ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément !
J'ajoute qu'une partie infime de ce Journal a été reprise et adaptée dans ma pièce « Don Quichotte de Montclairgeau », pièce pas encore montée, texte disponible chez ALNA. Voici ce que l'éditeur en a dit : « Lorsque Michel Bellin découvre l'imposant journal que le jeune Paul S. a tenu dans les premières années du XXe siècle, il lui semble que ces lignes lui parlent de lui. Happé par ce texte, il s'en inspire librement pour composer son Don Quichotte de Montclairgeau, œuvre aux frontières du théâtre, de la musique et de la confession. »

Embarquons donc pour ce Journal d'une âme, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

(…) Oui, vous êtes heureux ; vous. Je vous dis cela, - et qu'il est des misérables qui, femme ou idée, ne trouveront pas la Sœur de charité.
RIMBAUD
(Lettre à Paul Demeny, 17 avril 1871)

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jeudi 24 avril 2008

LA CHINE VUE PAR… (3)

Qu'en ont dit nos écrivains français ? Reprise de ma série où s'illustreront Diane de Margerie (l'une des deux seules écrivaines dénichées avec la Grande Sartreuse !) Renan, Montesquieu, André Chénier, Paul Claudel, Philippe Solers, Pierre Loti etc. Passionnant, non ? à l'heure où l'Empire du Milieu intrigue ; fascine et inquiète.
Aujourd'hui l'écrivain qui me fascine le plus dans sa description de l'Asie : Henri Michaux (1899-1984). Ses croquis sont tellement bien vus, alertes, pleins de couleurs autant que de psychologie subtile et d'humour, qu'ils n'ont pas pris une ride depuis la parution de son livre en 1933. La Chine d'aujourd'hui est méconnaissable, le Chinois, lui, est éternel. Et Michaux, un barbare décidément très fréquentable !
Aujourd'hui, la femme chinoise : un lierre délicat et très… attachant !

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mercredi 23 avril 2008

NÉGRITUDE, GAYTITUDE, MÊME COMBAT !

Le plus grand combat d'Aimé Césaire – qui continue plus que jamais, avec ou sans Panthéon, plutôt sans – c'est d'avoir inversé le stigmate de la négritude.
Et pourquoi pas un jour celui de la gaytitude ? Ça fait tant de siècles que l'homosexuel est moqué, persécuté, exécuté. Particulièrement stigmatisé par les trois religions du Livre. Facile pour le Pontife romain d'aller chevroter une hymne sur les Droits de l'homme à la tribune de l'ONU plutôt que de faire le ménage dans sa propre case et d'observer ce que tout le monde se tue à expliquer : ce ne sont pas les individus (prêtres pédophiles, alcooliques, dépressifs, apostats…) qui sont responsables de leur déviance, c'est l'institution catholique qui est par essence névrogène, stressante, castratrice et son chef gravement coupable de pusillanimité, d'hypocrisie et d'irresponsabilité.
On connaît la monstruosité de l'idéologie catholique : Le magistère se pose lui-même, au nom de Dieu, comme absolu, et se fonde structurellement sur la survalorisation écrasante de la personne humaine individuelle, singulièrement en la personne du prêtre, consacré et médiateur du Sacré. Chez lui, le « permis et le défendu », dans l'action comme dans la foi, doivent prendre leur source, leur exigence et leur justification. Le prêtre est celui qui écarte le doute au profit de l'énonciation incarnée de principes normatifs avancés en première instance par le pape infaillible. La boucle est donc bouclée et tout trublion ou malheureux réduit au silence. « Perinde ac cadaver », préconisait déjà le fondateur des Jésuites.

Mais nous, nous sommes des vivants ! Laissons à la religion ses amulettes et ses oripeaux…Pouvoir dire simplement : je suis pédé, comme toi tu es blanc, gaucher, rouquin, amérindien… je suis différent mais qu'importe, j'en suis heureux et fier !

Inverser le stigmate de la gaytitude… Oui, que des Césaire se lèvent et nous libèrent !

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mardi 22 avril 2008

L’ODEUR DE L’INDE

Hier soir, vif débat à la maison. O. a déployé une carte du monde et son index impatient court de longitude en latitude : la Mongolie, le Yémen, l'Arctique… Ah ! Voyager ! Partir loin ! Moi, je reste de glace. Aucun périple ne me passionne, nulle destination lointaine même en sa compagnie ne me fascine. L'incompréhension est totale : « vieux casanier » accuse l'un ; « voyager n'est pas guérir son âme » rétorque l'autre.
Un peu plus tard, j'ai pu néanmoins m'expliquer posément. Lorsque je fais une croisière en Littérature, nul besoin de passeport ni d'aéroport, juste les mots. Sur eux, comme sur des ailes, je décolle, je m'élève, j'embrasse une vaste contrée puis je plonge au cœur de chaque personnage et je ressens tout, absolument tout, les paysages, les visages, les couleurs, les odeurs, les péripéties, les impressions, les émotions, même les silences… Pas besoin de fermer les yeux (périlleux quand on lit !), chaque fin de paragraphe ou de chapitre est une escale, chaque page est une plage vierge où s'inscrivent les traces de mon imaginaire. Et je voyage toujours en first, au chaud, chez moi, dans mon fauteuil ou dans mon lit… et pour quelques piécettes d'euros !
J'ai d'ailleurs fait ce même soir, sans même l'avoir prémédité, un test des plus concluants. Ayant pris avant de monter me coucher un livre lu il y a pas mal de temps, je tombe sur le passage qui va suivre. Embarquement immédiat : exotisme garanti, émoi intact, magie sur-le-champ reconstituée ! Nul besoin de contrôle, d'enregistrement des bagages, de passage de douane, d'interminables escales, encore des contrôles, puis des valises, des taxis, des coolies, des fatigues, des courbatures, des corvées, des suées… Immédiatement, j'étais… non,
je suis en compagnie de Pasolini et de Moravia à Tekkadi, au bord du lac, dans la splendeur du couchant, au milieu de jeunes gens très sages et très beaux, dorés comme des dieux, tous convoqués par un air de flûte pour fêter ensemble le quinzième anniversaire de l'indépendance de l'Inde.

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dimanche 20 avril 2008

HOMMAGE AU POÈTE

Cahier d'un retour au pays natal est une œuvre poétique d'Aimé Césaire parue en 1939. Rédigé en 1938-1939, le Cahier se présente comme un long texte d'une quarantaine de pages, sous forme de vers libres. Influencé par le surréalisme, il mêle métaphores audacieuses et expression de la révolte. André Breton lui rendra hommage dans son texte Martinique charmeuse de serpents. Le retour à la Martinique s'accompagne de la prise de conscience de la condition inégalitaire des Noirs.

« Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l'intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d'une seule misère, je n'ai jamais su laquelle, qu'une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d'une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit. »

Cette œuvre poétique est l'un des points de départ de la négritude. Aimé Césaire poursuivra sa dénonciation du racisme et du colonialisme avec son Discours sur le colonialisme.

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vendredi 18 avril 2008

À UN PAPE

Pier Paolo Pasolini est mort le 2 novembre 1975. À l'époque j'étais prêtre, pas encore pédé (!) et son assassinat sur une plage d'Ostie me bouleversa. Je vis toujours dans le somptueux halo de sa vie et de sa poésie. Vaste panorama autobiographique, l'œuvre poétique de cet artiste aux multiples formes d'expression permet de le suivre à chaque instant de sa création : poète pamphlétaire, ironique et tendre, violent et cinglant, lyrique et prophétique, à jamais immense et en même temps si proche, si rebelle, si pur.

Adulte ? Jamais – jamais, comme l'existence
qui ne mûrit pas – reste toujours verte
de jour splendide en jour splendide.

(Dal Diario, Sciascia, Caltanisetta.)

Au moment où Benedetto vient serrer la main de Bush en faisant la morale à la terre entière au nom de la Charité Universelle qu'il ne pratique pas lui-même en ses palais dorés, bas de soie et soutane immaculée, loin des miasmes et des crachats, relire Pasolini – entendre son cri – est une consolation.

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jeudi 17 avril 2008

LEVONS-NOUS !

L'auteur du « Traité du savoir-vivre à l'usage des jeunes générations », livre phare de Mai 68, n'a rien perdu de sa radicalité. Interview à l'appui.

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mercredi 16 avril 2008

LA MORT DE L’INNOCENT

La faim dans le monde, la malnutrition, les épidémies… on s'habitue, n'est-ce pas ? Disons qu'on oublie pudiquement, les statistiques sont tellement plus clean !
Qui « on » (pronom indéfini malpoli dirait belle-maman)? Evidemment tout le monde, toi et moi.
J'ai eu envie de retrouver et de relire les fameuses pages de Camus où les mots sont plus parlants qu'une caméra et plus violents qu'une gifle.

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mardi 15 avril 2008

UNE CURE

Après qu'ils eurent raconté leurs bains, leurs douches et leurs régimes : « Moi, dit l'autre, je fais depuis quinze jours une cure de bonne humeur, et je m'en trouve très bien.

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lundi 14 avril 2008

LA CHINE VUE PAR… (2)

Qu'en ont dit nos écrivains français ? Reprise de ma série où s'illustreront Diane de Margerie (l'une des deux seules écrivaines dénichées avec "la Grande Sartreuse" !) Renan, Montesquieu, André Chénier, Paul Claudel, Philippe Solers, Pierre Loti etc. Passionnant, non ? à l'heure où l'Empire du Milieu intrigue ; fascine et inquiète.
Aujourd'hui l'écrivain qui me passionne le plus dans sa description de l'Asie : Henri Michaux (1899-1984). Ses croquis sont tellement bien vus, alertes, pleins de couleurs autant que de psychologie subtile et d'humour, qu'ils n'ont pas pris une ride depuis la parution de son livre en 1933. La Chine d'aujourd'hui est méconnaissable, le Chinois, lui, est éternel. Et Michaux, un barbare décidément très fréquentable !

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vendredi 11 avril 2008

PRINTEMPS

Après avoir relu ce poème écrit il y a une petite dizaine d'années (déjà !), je m'interroge ce matin : est-ce que j'ai changé ? Ai-je transigé ? Printemps après printemps, ai-je capitulé ? Franchement, je ne le pense pas. Mais nul n'est juge de ses utopies qui rouillent si vite ni de ses petites lâchetés au quotidien.

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jeudi 10 avril 2008

UN CŒUR SIMPLE

J'ai vu il y a quelques jours au cinéma l'adaptation d'un des trois contes de Flaubert par Marion Laine. Je craignais de m'ennuyer devant une illustration académique. Au contraire, c'est de la belle ouvrage, entre fidélité et créativité, le tout rehaussé par l'interprétation saisissante de Sandrine Bonnaire et Marina Foïs. D'où l'envie de me plonger dans le texte, une vingtaine de pages à peine consacrées à la pauvre Félicité, cette servante au grand cœur vouée à des épreuves particulièrement cuisantes et qui ne trouve consolation et réconfort qu'auprès de son perroquet.
La prose est génialement simple, colorée, d'une grande fluidité : on se croirait au cinéma !

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mercredi 9 avril 2008

POUR UN MONDE MEILLEUR

Comment se montrer solidaire du Tibet sans enfreindre la Charte olympique ? Les athlètes français ont décidé d'arborer un badge portant la mention : « POUR UN MONDE MEILLEUR. » Au grand soulagement du secrétaire d'Etat aux sports, Bernard Laporte, qui voit « un geste fort » car « le message est net  […]

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mardi 8 avril 2008

L’ÂGE D’OR

« Le mot pureté est un mot dont il convient de se méfier (presque autant que du mot « humanité »). Mais, allié à celui du plaisir, on peut encore en faire usage. Il est donc permis de dire que "L'Age d'or" est un livre pur qu'on ne voudrait mettre qu'entre des mains nettes ».
Dixit A. Camus dans une note du Bulletin de la NRF (n°70, juin 1953), lors de la parution du livre de Pierre Herbart.

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lundi 7 avril 2008

LA CONDITION HISTORIQUE (1)

Quoi d'autre après 68 ? Qu'à représenté l'antitotalitarisme ? Que faire de Marx ? De Freud ? Que peut la philosophie aujourd'hui ? Une philosophie pour aujourd'hui ? Où sont passés les intellectuels ? Qu'en est-il de la sortie de la religion ? Comment comprendre le moment historique où nous nous mouvons ?
Evidemment, nul de peut faire l'impasse d'un penseur tel que Marcel Gauchet. En faisant le point sur son travail dans « La condition historique », le philosophe ne propose pas seulement une analyse spectrale de l'époque et de ses incertitudes. Il développe une réflexion originale sur le changement qui affecte l'humaine condition lorsqu'elle devient condition historique.

Aujourd'hui : l'avenir des religions.

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samedi 5 avril 2008

LES PÉCHÉS DU PÈRE

Non, je ne crois pas que j'aurai la force d'aller voir le film « Délivrez-nous du mal. » Trop dégouté, trop effondré, trop en rage… Et dire que le Vatican est tout content d'avoir déniché en la personne des homosexuels des boucs émissaires tout trouvés pour se défausser de ses crimes pédophiles ! Et dire qu'il les a chassés des séminaires en toute impunité ! Et dire qu'à l'automne prochain Benoît XVI viendra faire le joli cœur en France, avec Sarko tout frétillant à ses pieds, au milieu des dentelles, de l'encens et des vieux chanoines enjuponnés ! Et on prêchera par ci, et on fera la morale par là. Tous des Tartuffe ! Des monstres d'hypocrisie, des saboteurs d'enfance qui ont trahi Jésus et dépravé son évangile d'Amour.
Heureusement, le 12 septembre à Paris, les pédés seront là et je ferai partie du comité d'accueil. Je prépare déjà ma banderole ainsi que mon slogan : « Benoît, sépulcre blanchi, nous sommes des homophiles heureux, pas tes curés pédophiles ! » Et je lance cet appel : qui se joindra à moi ?
Petit retour à la littérature. Dans les textes qu'on retrouva de lui après sa mort, Pierre Herbart (sublime « L'Age d'or », Le Promeneur, 1998) a écrit : « Le comble de la saloperie : être curé. Pendant la guerre, on a perfectionné : les aumôniers. » Ô combien ! même si toute généralisation est forcément injuste. En tout cas, ma plus grande gloire aura été d'avoir défroqué au bout de cinq années seulement car, si j'étais resté, je serais sans doute devenu pire, par déviance, mécréance ou… insignifiance.

Ma conviction : quitter le droit chemin, c'est sans doute retrouver sa route.

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vendredi 4 avril 2008

SOIRÉE FAMILIALE

Quelqu'un m'a confié l'autre jour que, selon lui, Chateaubriand était le plus grand prosateur français. J'ai eu envie de relire un extrait, le fameux passage sur Combourg.

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jeudi 3 avril 2008

UN ROI SANS DIVERTISSEMENT

Depuis Machiavel, on n'a cessé de gloser sur les qualités du prince ; ses ruses et ses roueries, l'art de séduire ou de tromper. La grammaire de l'influence ou de la persuasion. Tout un art de la déception. Mais jamais on n'avait abusé à ce point de la puissance du signe. A l'ère d'Internet, le prince n'exerce plus seulement le pouvoir, il se donne à lire comme un monde de signes obscurs, de gestes énigmatiques, un hiéroglyphe. « Il n'y a pas d'apprenti, écrivait Gilles Deleuze, qui ne soit l'égyptologue de quelque chose (…) Tout ce qui nous apprend quelque chose émet des signes, tout acte d'apprendre est une interprétation de signes… » L'apprentissage du pouvoir par Nicolas Sarkozy ne déroge pas à la règle.

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mercredi 2 avril 2008

UNE MUSIQUE HOMOSENSUELLE ?

J'ai assisté vendredi dernier à une interview-débat intitulée : « Une librairie gay, pour quoi faire ? Y a-t-il une littérature gay ? » J'élargis aujourd'hui le sujet en (me) posant cette question assez surprenante, j'en conviens : « Existe-t-il une musique gay ? »
À n'en pas douter, semble répondre Dominique Fernandez dans cette page magnifique tirée de son roman Tribunal d'honneur. Le mieux pour les internautes serait qu'ils fassent eux-mêmes le test en écoutant le 2ème mouvement (adagio cantabile) du sextuor de Tchaïkovski op. 70 « Souvenir de Florence ».

Est-ce utile d'ajouter qu'à l'issue d'un passionnant débat, nous n'avons pu conclure sinon que, s'il n'existe évidemment pas de syntaxe gay ni de solfège pédé, il y a ce petit air de famille impalpable où l'on se sent bien, en confiance et connivence – à la fois dans certains livres et aussi dans certaines bonnes librairies. Là est bien l'essentiel, au-delà des étiquettes simplistes, puisqu'en définitive « on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. » Mais cette opinion du Cardinal de Retz pourrait elle aussi se discuter jusque tard sans la nuit !

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mardi 1 avril 2008

APOGÉE

« Les grandes époques de notre vie sont celles où nous trouvons enfin le courage d'appeler notre meilleur ce que nous appelions nos mauvais côtés. » (Frédéric Nietzsche). Oui, accéder joyeusement à sa liberté intérieure, à son homosexualité revendiquée, à sa paresse consentie, à son athéisme choisi,  […]

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