septembre 2008 (24)

mardi 30 septembre 2008

LA SAISON DES BÉCASSES

Pourquoi la rentrée littéraire ? Que signifie ce phénomène strictement francophone avec, pour zone de tir, Paris, qui voit, fin août, débarquer en librairie plus de mille nouveaux romans français et étrangers confondus ?! Un pic de production comparable aux périodes de rut ou de migration chez les animaux dits inférieurs. Démonstration avec Jean-Pierre Quinton, éthologue.

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lundi 29 septembre 2008

ARMISTICE

Pliée dans un livre que je n'ai pas ouvert depuis longtemps, une page de cahier signée par… mes trois enfants et mon ex ! C'était il y a une quinzaine d'années, dans ma vie d'avant. Nulle nostalgie puisque le passé est définitivement passé. Mais de l'émotion et de la reconnaissance pour ce (long) chapitre de mon existence qui m'a comblé ô combien. Ce texte – sans doute dicté par le père – n'est pas de la littérature, mais je l'ai trouvé drôle et plutôt touchant. En tout cas, autant que mes souvenirs sont fidèles, cette convention avec toute la famille liguée contre moi a plutôt bien fonctionné et le cabot est mort de sa belle mort (je parle du chien, pas de l'écrivain).

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vendredi 26 septembre 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (22)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Chronique d'une mélancolie (Août 1919 – Août 1920) ».
Prochainement édité par les éditions de L'Harmattan dans la collection « Ecritures », ce 12ème opus sortira sans doute courant novembre 2008, un énorme pavé de près de 400 pages avec des hors-textes (photos, fac-similés, lettres manuscrites…). Du coup, je retravaille et peaufine le manuscrit. Et en attendant, rien ne change : je continuerai chaque fin de semaine à mettre en ligne le Journal de Paul.
Partons donc sans plus attendre - et en avant-première - à la découverte de ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal et à Paris ou il dépérit, ce jeune homme qui est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… et qui ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément ! Puisque c'est ma propre adolescence que je réécris à titre posthume en y injectant ma fièvre et mes utopies de jeune homme prolongé et de moins en moins mûr (mais je préfère être immature tardif que prématurément blet!)
Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.
RIMBAUD, Illuminations

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jeudi 25 septembre 2008

L’ÉCRIVAIN MALGRÉ LUI (2)

« J'écris dans la mesure où je n'existe pas. » L'œuvre de Jean-Claude Pirotte s'avère d'une fidélité bouleversante à cette phrase péremptoire. Ecrivain clandestin sur le territoire des Belles Lettres, notre Orphée de bistro étranger à soi-même comme aux autres, ne guérit pas de cette maladie de ne « faire partie de rien ».

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mercredi 24 septembre 2008

CIEL DE SEPTEMBRE

Ciel d'automne. Silence. Apaisement…

Retour ce matin avec la poésie, celle de Jean Richepin. Son itinéraire personnel ressemble à celle de Jean-Claude Pirotte : on les attendait l'un et l'autre au faîte d'une carrière brillante, ils ont pris la tangente. Normalien brillant, Jean choisit délibérément la vie de bohème. La chanson des gueux (1876) lui vaut la célébrité ainsi… qu'un procès et une condamnation. Il restera révolté contre la société, infatigable défenseur des opprimés.

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mardi 23 septembre 2008

SUR LA PLACE DE GARCHES

Le dimanche matin, en fin de matinée, je descends jusqu'à Garches qui ressemble à un gros village parisien. Là, sur la terrasse, je savoure un pastis et un cigarillo parfumé à la vanille. Je tiens à ce petit rituel : je me réconcilie ainsi avec l'humanité et savoure l'instant-éternité. Les autochtones sont des bobos très fréquentables. Je ne les aborde pas, je me contente de les observer, eux et leur marmaille endimanchée. Ma pensée, sur des volutes bleues, se fait légère et vogue vers un lointain Emirat. L'Ami n'est pas là, mais comme nous tenons l'un à l'autre à ce rituel dominical, comme tant de fois nous y avons cédé, je n'ai aucune peine à l'imaginer là, en face de moi : son sourire, son regard, sa peau mordorée, ses ridicules petites épaules qui m'émeuvent tant, et plus bas, cachée par la table… Mon cœur est alors submergé de tendresse et de reconnaissance, non de nostalgie : un seul jour à la fois, juste ce fragment de vie ! et l'espoir déjà en marche car, si la fuite du temps s'écoule inexorable, la progression de l'espoir grandit elle aussi, inexorable et ineffable : plaisir d'attendre, de différer, d'anticiper.
Le temps me ramènera un jour mon homme magnifique et la petite place de Garches sera en fête !

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lundi 22 septembre 2008

CABALLITOS

Va-t-on retrouver demain ou après demain dans une fosse commune le corps de Federico Garcia Lorca ? Ses descendants ont enfin donné leur accord au juge Baltazar Garzon. Le poète grenadin a été fusillé avec Dióscoro Galindo González, Francisco Galadí et un autre torero, Juan Arcolla, qui n'a pas laissé de descendance. L'exécution eut lieu le matin du 18 août 1936 près du ravin de Víznar, où gisent également des milliers de personnes assassinées à Grenade pendant la guerre et la dictature. Les corps des quatre hommes ont été jetés dans une fosse commune.
Retour à Ferias, un magnifique recueil de Poèmes (resté inconnu jusqu'à sa publication en Espagne en 1997). Entre lune et tambour, trille et farandole, Lorca évoque l'atmosphère de la Feria, suivant le rythme des chevaux de bois jusqu'au coucher du soleil. Peu importe pour finir que ses restes soient demain identifiés, l'important était que Ferias sorte de l'oubli un siècle après la naissance de Garcia Lorca : la Poésie survit à l'infamie et ne meurt jamais.

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vendredi 19 septembre 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (21)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Chronique d'une mélancolie (Août 1919 – Août 1920) ».

Prochainement édité par les éditions de L'Harmattan dans la collection « Ecritures », ce 12ème opus sortira sans doute courant novembre 2008, un énorme pavé de près de 400 pages avec des hors-textes (photos, fac-similés, lettres manuscrites…). Du coup, je retravaille et peaufine le manuscrit. Et en attendant, rien ne change : je continuerai chaque fin de semaine à mettre en ligne le Journal de Paul.

Partons donc sans plus attendre - et en avant-première - à la découverte de ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal et à Paris ou il dépérit, ce jeune homme qui est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… et qui ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément ! Puisque c'est ma propre adolescence que je réécris à titre posthume en y injectant ma fièvre et mes utopies de jeune homme prolongé.

Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.
RIMBAUD, Illuminations

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jeudi 18 septembre 2008

NOX

« Qui peut dormir tout seul ? Quelques hommes le font, que la vocation ou le malheur ont retranché des autres et qui couchent alors tous les soirs dans le même lit que la mort. »Albert Camus, L'exil et le royaume, Folio, Gallimard

mercredi 17 septembre 2008

JE N’AIME PAS DORMIR…

Dans un très beau recueil illustré par Gabriel Lefebvre « Les plus beaux poèmes d'amour » (La Renaissance du Livre, 2001), tout se décline au féminin, depuis l'épigraphe de René Char jusqu'à la cinquantaine de textes mis en images par l'aquarelliste. Cela n'enlève rien évidemment à leur beauté. Il n'empêche, je me sens quelque part exclu ou du moins mis sur la touche. J'ai donc corrigé la page de garde (« Au silence de celui qui laisse rêveur ») et dédicacé ce magnifique ouvrage « à mon handicapé émotionnel préféré ». Et puis, ce matin, comme l'Ami vient de repartir pour son émirat lointain, je relis Plain-Chant de Jean Cocteau, sans doute dans ce recueil l'exception qui me touche le plus. Peut-être qu'en l'écrivant, le Poète pensait à l'autre Jean, plus jeune que lui, celui que son cœur aimait tant…

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mardi 16 septembre 2008

DIEU ET MOI, ON SE TUTOIE

Relisant hier soir cette page des Nouvelles nourritures, je me disais que je suis plus gidien que nietzschéen. Disons autant. Alternativement. Et cette dualité en moi me convient tout à fait ! Etant entendu que ce qui me plaît le mieux, c'est brouiller les pistes, retrouver « Dieu » (énormes guillemets !!!) pour avoir la joie de le semer à nouveau… pour mieux me trouver !

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lundi 15 septembre 2008

LE JOUJOU DU PAUVRE

Après les gosses délurés de Tony Duvert (mon blog du 2 septembre dernier), les deux gamins de Baudelaire. Je me demande parfois s'ils existent encore, du moins à Paris Ouest (même les petits Roumains chapardeurs ont disparu du métro et l'on ne va pas s'en plaindre).
Donc, c'est entendu, chacun a son portable ou sa console de jeu, ou encore ses fringues de marques le jour de la rentrée. Tout cela est bien sûr une fable : la pauvreté existe toujours, quels que soient les soubresauts du pouvoir d'achats, mais elle se fait discrète en ces temps d'hygiène sociale et de prévention tous azimuts. La pédagogie se décline même avec la démagogie : j'ai vu à la télé, vu de mes yeux vu, un reportage sur cette innovation ahurissante : à Asnières, pour favoriser la mixité sociale, un bus emmène dans les quartiers huppés quelques petits volontaires. On interviewait deux gosses à peau mordorée égarés dans une belle salle de classe éblouissante de blancheur et de propreté. Pour le moment, ils ne se quittent pas et ils ont simplement murmuré, économes de mots, qu'ici, c'est un peu « sévère ». Doux Jésus, les pauvres petits ! Mais ils vont progresser, disent les futures marraines, car l'ascenseur social commence avec l'apprentissage des bonnes manières. Moi, je ne vous dis pas, ascenseur ou non, ce que ces mômes transplantés vont souffrir et j'espère qu'ils se feront renvoyer au plus vite. Précision : le bus est pour le moment vide dans l'autre sens, on ne se presse pas chez les bourgeois pour aller explorer la précarité. Ben voyons !

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samedi 13 septembre 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (20)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Chronique d'une mélancolie (Août 1919 – Août 1920) ».
Prochainement édité par les éditions de L'Harmattan dans la collection « Ecritures », ce 12ème opus sortira sans doute courant novembre 08, un énorme pavé de près de 400 pages avec des hors-textes (photos, fac-similés, lettres manuscrites…). Du coup, je retravaille et peaufine le manuscrit. Et en attendant, rien ne change : je continuerai chaque fin de semaine à mettre en ligne le Journal de Paul.
Partons donc sans plus attendre - et en avant-première - à la découverte de ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal et à Paris ou il dépérit, ce jeune homme qui est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… et qui ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément ! Puisque c'est ma propre adolescence que je réécris à titre posthume en y injectant ma fièvre et mes utopies de jeune homme prolongé et de moins en moins mûr (n'est-ce pas, chère Micheline ? mais je préfère être immature tardif que prématurément blet!)

Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.

RIMBAUD, Illuminations

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vendredi 12 septembre 2008

PROSIT !

Malvenue au pape ! Mais comme l'auteur de ce site entend rester courtois, il offre à Benoît XVI, pour sa réception intime à l'Elysée en compagnie de Bling-Bling 1er, quelques aphoricubes de sa composition.

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jeudi 11 septembre 2008

SÉVICES TEXTUELS

L'autre jour sur les ondes (plus précisément sur France Inter, émission du 7/10 le matin du 15 août), j'ai interpellé en direct Mgr Barbarin, évêque de Lyon et primat des Gaules (?!). Mon objection portait sur le manque de tolérance et les attaques répétées de l'Eglise catholique contre tout ce qui touche à l'identité gay (pratique de ce type de sexualité, union civile, homoparentalité…) J'ai pu même citer, grâce à l'obligeance de l'animateur Pierre Weill qui m'a redonné la parole, cette phrase vraiment stupéfiante de bêtise te d'intolérance, due comme il se doit à Benoît XVI - Benedetto pour les intimes : « Reconnaître légalement les unions homosexuelles serait masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l'humanité ». Légèrement déstabilisé par cette attaque précise, l'Eminence lyonnaise a conclu que la Bible, selon la doctrine constante de l'Eglise, ne peut cautionner n'importe quelle pratique contemporaine. Il n'a pas dit « n'importe quelle dérive ». Ouf !OK. C'est la Bible qui a raison. Partout et toujours. C'est elle qui donne le ton puisqu'elle est inspirée directement par Dieu. Je conçois que pour un chrétien, ce vieux grimoire soit la référence absolue. (Pour moi, c'est la conscience individuelle éclairée par la charte des Droits de l'Homme et du Citoyen.) Il n'en demeure pas moins que la question rebondit : comment lit-on la Bible ? Comment l'interprète-t-on ? « On », horrible mot mal poli dirait belle-maman ! « On », ce sont les exégètes patentés du Vatican, très habiles pour transformer des anachronismes avérés en vérités révélées, pardon, Vérité avec la majuscule. Démonstration à l'appui avec cette très belle synthèse d'Alain Lavoie, un théologien de l'Université de Laval au Québec.

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mercredi 10 septembre 2008

NORMALITÉ HOMO ou LA MAJORITÉ HEUREUSE

Et si la norme s'inversait ? Et si les minorités devenaient majoritaires ? Et si et si… La nouvelle majorité resterait en fait ce qu'elle est toujours : bornée, passive et repue. Et impitoyable pour les nouveaux exclus. Tel est le tableau quelque peu délirant de TonyDuvert (1945-2008) et qui a un peu vieilli – forcément, depuis 1976 (date de son livre-phare), les cloisons sont devenues moins étanches et la norme sexuelle plus fluctuante. Je n'en suis pas si sûr…Très vite sous le vernis, la barbarie. En tout cas, le constat de l'écrivain sous forme de provocante sociologie-fiction est très suggestif. N'est-il pas utile de remettre les pendules à l'heure. Mais quelle est la bonne heure au fait ? Quand il est minuit ici ou midi là-bas ?

Et passage obligé par Montaigne, encore et toujours : « Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage. »

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mardi 9 septembre 2008

MON CREDO

Plus qu'une profession de foi, le texte que je mets en ligne ce matin est ma feuille de route. Depuis que je l'ai découverte en 1993 dans la Somme philosophique d'André Comte-Sponville, je médite presque quotidiennement cette page qui ne quitte d'ailleurs pas ma besace (je l'ai imprimée exprès avec de gros caractères). Oui, l'athéisme intelligent et généreux est une voie difficile, très difficile. En comparaison, tous les croyants de la planète, avec leurs grigris, leurs amulettes, leurs sacrements, leurs indulgences plénières, leurs moulins à prière, leurs processions, leurs miracles, leurs vieux grimoires, leurs murs sacrés et leurs esplanades du temple, leurs carêmes et leurs ramadans, leurs mitres, leurs kippas ou leurs chapeaux pointus… TOUS ne sont à mes yeux que de grands enfants qui ont peur dans le noir et se rassurent à bon compte en ânonnant des fables à dormir debout et à vivre à genoux.

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lundi 8 septembre 2008

DES MOTS POUR NE PAS LE DIRE

Il y a chez les ecclésiastiques une sorte d'ingénuité bon enfant et d'assurance paisible qui deviennent stupéfiantes quand on confronte leur naïf credo à la réalité. Dans le Journal du Dimanche d'hier (n° du 7 septembre 2008), à la question du journaliste « Que signifie annoncer l'Evangile ? », Mgr André André Vingt-Trois répondait posément : « Dire que Dieu veut le bonheur de l'Homme. » Quand on sait que Dieu a créé l'homme à son image,– et l'homme le lui a bien rendu, dixit Voltaire – ne devrait-on pas être rassuré par le retour béat à l'envoyeur et cette belle harmonie universelle ?
Or, il se retrouve que je lis avec beaucoup de retard un livre fascinant – effarant – sur la genèse d'un génocide. Qu'il s'agisse de tutsi, de juif ou de gitan, on est ici au plus près du Mal absolu. Question subsidiaire que le journaliste du JDD aurait pu poser au prélat irénique : à Auschwitz ou à Nyamata, que faisait le Bon Dieu pendant tout ce temps ? Mais comme le théologien a réponse à tout, il aurait sans doute répondu d'une voix douce et mesurée : la grandeur de Dieu, c'est de respecter la liberté humaine. L'homme est donc libre de se livrer au mal absolu et son Créateur n'y peut mais. Mais victimes et bourreaux se retrouveront un jour au paradis… ou en enfer car Dieu est Amour. CQFD.
Maintenant, ami(e) internaute, accroche-toi. Voici les témoignages de Joseph-Désiré, d'Alphonse, d'Ignace, de Fulgence… d'anciens braves cultivateurs et instituteurs, chrétiens pour la plupart, devenus des tortionnaires tout à fait ordinaires.

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samedi 6 septembre 2008

SCOOP A LA CITÉ DU VATICAN !

D'une source très bien informée (une fois de plus, merci au cher Romano Libero !), l'auteur de ce site a appris cette nuit que le Pape Benoît XVI venait de procéder à deux modifications capitales dans le déroulement de sa visite pastorale en France (12-14 septembre prochain).

Il semblerait que ce soit pour un motif essentiellement évangélique, et non politique – une clause de conscience en quelque sorte. Selon une confidence d'un très proche collaborateur (immédiatement désavoué par l'Osservatore Romano), le Souverain Pontife aurait pris conscience des priorités du divin Maître dont il est l'humble serviteur : accueil de l'étranger, des pauvres et des exclus. Sa Sainteté a donc souhaité pouvoir annuler, du moins reporter, la conférence qu'il devait tenir sur la « Culture et le monde », initialement prévue à 17 heures au Collège des Bernardins. En lieu et place, Benoît XVI entend pouvoir se rendre en priorité dans un premier temps au centre de rétention de Vincennes puis accueillir une importante délégation d'homosexuels français à laquelle se joindraient plusieurs malades atteints du sida. A Vincennes, le pape aurait décidé de ne pas infliger une longue homélie aux détenus mais de s'entretenir fraternellement avec eux en partageant un thé à la menthe. Quant à la rencontre avec la minorité gay de la capitale française, le lieu n'a pas encore été dévoilé mais le discours a pu d'ores et déjà être communiqué par notre source [cf. document exclusif ci-après reçu tôt ce samedi matin par courriel].

Le collaborateur de Benoit XVI a aussi confié que le Souverain Pontife avait médité longuement cette semaine le texte des Béatitudes ainsi que la phrase de Jésus de Nazareth (« Le Fils de l'homme n'a même pas une pierre où reposer sa tête ! ») et qu'en conséquence il avait décidé d'abandonner pour sa visite pastorale les signes extérieurs d'omnipotence médiatique (entre autres sa papamobile blindée et ses luxueuses mules de haute couture). Au sujet de ses déplacements dans la capitale, la Préfecture de Police a néanmoins indiqué que, pour des raisons pratiques et sécuritaires (entre autres l'installation non mobile des caméras de surveillance quais Rive Gauche), il ne serait plus possible de modifier l'itinéraire ni le mode de transport de l'hôte de marque. Quant aux services de M. Hortefeux au Ministère de l'Immigration, on imagine leur embarras ! Une manifestation de sympathie et de solidarité devant le Centre de Vincennes vendredi prochain sera-t-elle autorisée ? Autre question qui dérange : les membres de la communauté gay qui assisteront à la rencontre avec le Pape seront-ils oui ou non comptabilisés au fichier Edvige ? En tout cas, la décision du pape na va pas manquer de faire polémique.

À signaler pour finir et en prélude à ce voyage sous très haute surveillance que le magazine GOLIAS consacre un passionnant dossier au bilan plus que mitigé du Pontificat actuel (« Benoît XVI en 12 leçons magistrales », n° 121 BIS, téléchargement gratuit sur le site http://golias-editions.fr/).

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vendredi 5 septembre 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (19)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Chronique d'une mélancolie (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé des années de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop… MAIS NON !
IL Y A DU NOUVEAU !!! Je viens de signer mon contrat d'édition avec L'Harmattan (Collection Ecritures). Le livre sortira sans doute courant novembre, un énorme pavé de près de 500 pages avec des hors-textes (photos, fac-similés, lettres manuscrites…). Du coup, je retravaille et peaufine le manuscrit. Et en attendant, rien ne change : je continuerai chaque fin de semaine à mettre en ligne le Journal de Paul. CET AUTOMNE PLEIN DE PROMESSES !
Partons donc sans plus attendre - et en avant-première - à la découverte de ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal et à Paris ou il dépérit, ce jeune homme qui est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… et qui ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément ! Puisque c'est ma propre adolescence que je réécris à titre posthume en y injectant ma fièvre et mes utopies de jeune homme prolongé et de moins en moins mûr (au moins, je ne serai pas blet prématurément !)
Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.
RIMBAUD, Illuminations

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jeudi 4 septembre 2008

QUELQUES TISONS DE MON HEROÏNE CANNIBALE

Mireille HAVET évidemment ! Il faudra vraiment qu'un de ces jours je lise son journal de A à Z (admirablement et obstinément édité par les Editions Claire Paulhan).

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mercredi 3 septembre 2008

L’ÉCRIVAIN MALGRÉ LUI

Au mitan du premier feuillet comme dans la chanson, j'avais calligraphié le titre en capitales :
LA GOUTTE D'OR
C'est un quartier où j'aime à disparaître quand je me sens bellement désespéré. Avec un titre pareil, quel livre scintillant et nocturne j'aurais composé, si j'avais les moyens de ma politique, du talent quoi. Si je n'avais pas tellement lambiné, si je ne croyais pas toujours que le titre une fois trouvé, le reste n'a plus d'intérêt. Dans l'entretemps, un certain Tournier, homme de lettres assuré d'une patente, m'a coupé l'herbe sous le pied, m'a-t-on dit. Tout le monde a le droit d'en faire autant. Quand un peintre en lettres, qui vaut bien un homme de lettres, rafraîchit l'enseigne du Bar des Amis, ce serait mesquin de lui faire observer que les Bars des Amis pullulent sur le territoire. Pour ne pas parler des Cafés du Commerce.

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mardi 2 septembre 2008

LES GOSSES DE LÀ-BAS

Tony Duvert est mort le 20 août dernier. Plus exactement, il a été découvert mort chez lui, dans le petit village de Thoré-la-Rochelle (Loir-et-Cher). Seul, démuni, sans même la perfusion des mots : il n'avait rien écrit – du moins rien publié – depuis 20 ans. Je relis ces jours son Journal d'un innocent. Quelle force ! Quelle liberté ! Quelle virtuosité du style ! Une sorte de grâce et d'innocence qui font penser à Genet. Ce sauvage des Lettres (et de la vie ô combien libre) est ce qu'il est convenu d'appeler un « écrivain sexuel » ou un « écrivain maudit » - les deux vont souvent de paire. Un vrai quoi, de la trempe des Sade, pas un fabriqué-maison pour rentrée littéraire ronronnante ou faussement tonitruante.

Question : quelle grande maison oserait publier en 2008 cette apologie de la pédophilie heureuse, ce revigorant érotisme solaire dépouillé des carcans moralisateurs et des pudeurs bourgeoises passablement hypocrites ? On préfère éditer – et commenter sur une double page synoptique du Monde des Livres, pas moins !!! –
Mmes Angot & Millet, deux récidivistes du ragot d'alcôve et de l'entrecuisse moite, au style aussi plat que leurs tristes appas. Pouah ! Comment ces impudentes osent-elles prétendre transformer en Littérature amourettes fades et adultères rances ? Et croire – ou feindre de croire – que le lecteur adulte, c'est-à-dire non manipulé par les Grands Médias Prescripteurs, va s'intéresser à leur fricot et en avoir les mots à la bouche ?!

Mais revenons aux petits chéris de Tony, si vrais, eux, si touchants, si naturellement impudiques, si loin des remugles éditoriaux et des vieilles tisanes judéo-chrétiennes.

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lundi 1 septembre 2008

TERRE EN FÊTE

Commençons cette semaine, veux-tu ? par un peu de poésie. Une poésie simple et revigorante, qui a la force de la lumière et des sensations physiques. Je t'apporte, ce soir, comme offrande, ma joie… Sauf que c'est le matin ! Qu'importe, j'avais besoin du secours des mots après que la musique de Ravel m'a tordu le cœur. C'est ma faute aussi. Est-ce bien raisonnable d'écouter de bon matin l'Adagio du concerto en sol sous les doigts de François-René Duchable ? Comment se fait-il que la musique – « de l'air sonore » (selon la définition évidente de Busoni) – oui, comment se fait-il que dix minutes de beauté puissent à ce point ravager le cœur d'une manière si délicieuse ? Lorsque le trille final n'en finit pas de mourir, suspendu au-dessus d'un océan de douceur… je suis resté comme hébété, les joues ruisselantes.

Secouons-nous donc et accueillons la joie, cette joie exubérante qui me faisait gambader enfant, les jambes nues, dans des grands champs de luzerne et de coquelicots. C'était il y a si longtemps… J'ai oublié la sensation et aujourd'hui ce sont les mots d'Emile Verhaeren, qui m'apaisent et me tonifient. Même le premier jour de septembre, c'est encore l'été !

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