avril 2009 (23)

jeudi 30 avril 2009

SŒUR SOURIRE

Aujourd'hui sort un film consacré à la jeune religieuse-chanteuse, interprété par la lumineuse Cécile de France. Quoi qu'en dise le journal Le Monde d'un ignoble trait de plume (« Un destin essentiellement médiocre et déprimant », édition du mercredi 29 avril page 21), le parcours de Jeanne-Paule  […]

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mercredi 29 avril 2009

SUR LES BORDS DU LAC TEKKADI

Hier soir, vif débat à la maison. L'Ami a déployé une carte du monde et son index impatient court de longitude en latitude : Mongolie, Yémen, Arctique... Voyager ! Partir loin ! Je reste de glace. Aucun périple ne m'excite, nulle destination lointaine ne me fascine. L'incompréhension est totale : « vieux casanier » accuse l'un ; « voyager n'est pas guérir son âme » rétorque l'autre.

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mardi 28 avril 2009

CREDO ANARCHISTE

Mai 1968… mai 2009. Rapprochement aussi hasardeux que prématuré. L'Histoire bégaie rarement. Il n'empêche, l'exaspération sociale et palpable. Mais l'Utopie est-elle encore présente ? Par delà la Crise qui souvent a bon dos de quelle société rêve-t-on ?

J'ai retrouvé une étrange lettre datant de février 1894. Emile Henry, terroriste et intello anarchiste, est en rébellion contre une société qu'il ne comprend que trop bien. Contre l'immoralité des comportements sociaux valorisés, contre le respect fétichiste des valeurs comme la propriété, la patrie, la famille et l'autorité. Ecrivant au directeur de la prison où il attend sa condamnation (il sera exécuté à l'âge de 22 ans), Emile décrit le bonheur que l'on peut attendre de l'anarchie et qu'il pensait pouvoir arracher par la violence.

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lundi 27 avril 2009

POÈMES D’ENFANCE (11)

Très souvent remontent à la surface de ma mémoire des lambeaux de poèmes… un demi vers boiteux par ci… un octosyllabe estropié par là… parfois juste quelques mots agrippés à une rime. Par exemple : « Midi, roi des étés épandu sur la plaine… » ou «…le coup dut l'effleurer à peine, aucun bruit ne l'a révélé mais la légère meurtrissure… » Ensuite, plus rien, le cerveau capitule : un grand blanc. J'enrage, j'épelle à mi-voix pour retrouver le Sésame. Toujours rien. Pas moyen de trouver la suite mais il suffirait peut-être de gratter par ci, de dépoussiérer par là… peut-être… c'est si lointain, un demi-siècle ! C'est si proche, encore si vivant en moi lorsque je ferme les yeux pour ressentir dans mon esprit embué toute cette imagerie verbale qui palpite et bat encore comme un petit cœur obstiné. Fragments d'enfance !

En ce temps-là (dans les années soixante), boule rase et blouse grise, j'étais un élève modèle dans mon petit séminaire austère. On faisait ses Humanités, comme on disait à l'époque. Le grec et le latin étaient à l'honneur, Bordas était notre Bible, un certain Calvet aussi, en moins rutilant. J'étais 1er de classe à peu près en tout (sauf en gymnastique, et dans les autres matières Gabriel et François étaient de redoutables concurrents !). Année après année, je collectionnais les billets d'honneur qui étaient roses et les livres de Prix fin juin (ils étaient ennuyeux car c'était souvent des vies de Saints). J'adorais déjà les mots, les strophes bien rythmées, les alexandrins fiers et musclés, les métaphores et les harmonies imitatives – « La foudre au Capitolin tombe ! » – et j'étais tout à mon affaire lorsqu'il s'agissait d'apprendre par cœur puis de réciter, bien droit à côté du banc, en mettant de l'expression. Comme j'étais ému et intimidé ! Pourquoi ces lambeaux de poésies ont-ils résisté à l'usure du temps… à tous les sédiments qui se sont accumulés sur ces années studieuses et en définitive heureuse ? Je ne saurais le dire.

J'ai donc décidé un jour de ratisser ma mémoire, de partir à la recherche de ces mots enchantés et de reconstituer, l'un après l'autre, le puzzle de mes poésies d'enfance, les plus belles, les plus impérissables. Surprise, surprise… Avec un moteur de recherche, ce devrait être facile, non ? Par exemple, si ce matin je tape « pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes » - à moins que ce soit sur « vos » têtes - que va-t-il se passer ? La méga mémoire d'Internet va-t-elle reconstituer sur-le-champ le texte de… de qui au juste ? Notre professeur de français nous a tellement rabâché cet exemple d'harmonie imitative que je ne me souviens plus où ces fameuses bestioles sifflaient !!!

Allez, c'est parti, ma campagne de fouilles lexicales est ouverte.
« À moi, Google, deux mots! » - Parle ! – Ôte-moi d'un doute…

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samedi 25 avril 2009

L’ABERRATION DU CHRISTIANISME Pour un athéisme intelligent et généreux

« Ce que je reproche le plus au christianisme, c'est d'ajouter à l'opacité du réel la niaiserie d'une explication. » Une fois passée la déferlante des bourdes papales (en attendant la suivante), une fois assourdies les éternelles chamailleries entre cathos progressistes et intégristes trisocomiques renvoyés dos à dos, cet aphorisme maison me tient encore plus à cœur et mérite ici de nouveaux développements afin de passer à la moulinette toutes les sornettes chrétiennes.

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vendredi 24 avril 2009

L’ENFANCE D’UN VAMPIRE

J'ai lu en moins d'une heure un petit livre étrange et dérangeant. Pierre Chatagny, le héros de “Garçon stupide” et ma troublante muse pour “Ieschoua mon amour” me l'avait signalé car il espère tenir le rôle de Charles-Augustin Favez, l'étrange garçon de ferme aux yeux rougis qu'on a surpris à l'étable en train de s'amuser avec les bêtes. L'adaptation au cinéma risque d'être périlleuse tant le style de Jacques Chessex est sobre et suggestif. Ni hémoglobine ni grand Guignol ! À partir d'un fait divers réel, au début du siècle dernier dans le Haut-Jorat vaudois, l'auteur (romancier, essayiste et poète, prix Goncourt avec L'Ogre en 1973) donne le récit de la fascination meurtrière. Qui mieux que lui sait dire la « crasse primitive », la solitude, les fantasmes des notables, la mauvaise conscience d'une époque qui pourrait bien ressembler à la nôtre même s'il elle se prétend clean et civilisée ?

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jeudi 23 avril 2009

GRAND ET ÉPHÉMÈRE

Ce qui émeut le contemplateur jusqu'aux larmes, c'est le regard de bonheur enivré qu'une belle jeune femme fixe sur son époux. On éprouve alors toute la mélancolie de l'automne, tant à cause de la grandeur que de la fugacité du bonheur humain.Nietzsche, Humain, trop humain II, « Le voyageur et son  […]

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mercredi 22 avril 2009

JE SUIS NOIR ET J’EN AI UNE PETITE

À 50 ans, dont plus de vingt passés en France, ça lui arrive encore : un agent administratif bien intentionné, au moment de lui tendre un formulaire à remplir, lui jette un coup d'œil rapide puis, constatant qu'il a un Noir en face de lui, se ravise et, gentiment, se met à remplir le formulaire à sa place. Il est noir, donc il ne sait pas écrire ! Dans ces cas-là, Gaston Kelman prend un livre et, ostensiblement, se plonge dans la lecture. Il appelle ce comportement « le racisme angélique » et il a la bonne grâce d'en rire. Comme il a eu le bon goût et l'intelligence de publier (non sans mal) un ouvrage drôle, franc et grave sur la place des Noirs dans la société française.

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mardi 21 avril 2009

TROIS PORTRAITS

Aujourd'hui, on a la photo numérique très haute fidélité garantie, pixels et Cie. Quand je prends un livre, Giono par exemple, je lis les mots magiques, le déclic se produit, j'imagine formes et couleurs, dégaines et mimiques, pensées et sentiments, comédie ou drame… et je me réjouis de n'avoir aucun autre capteur haute définition que le génie de l'écrivain.

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lundi 20 avril 2009

SOCRATE, À L-AIDE !

Parfois, quand je mesure à quel point ma pensée est plate et stérile, je me prends à appeler Socrate au secours, à l'envier, lui dont la parole libre et neuve interpellait et faisait réagir quitte à susciter mépris et quolibets. Mais n'est pas Socrate qui veut ! Retour à mon incunable journalistique (qui me sert de bréviaire), à la date du 1er mars 1908 dans la Dépêche de Rouen :

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samedi 18 avril 2009

« MA MAISON RESTERA OUVERTE… »

Ses protégés l'appellent "Mister Pierre", et, quand ses finances le lui permettent, il traverse la Manche, se rend en Angleterre pour retrouver les clandestins qu'il a hébergés, dans sa petite maison, à Boulogne-sur-Mer. Parfois, il transporte leurs valises, qu'ils avaient stockées chez lui. Pierre Falk, discothécaire, a eu droit à plusieurs gardes à vue. Il assume, et s'explique, dans un texte publié sur Internet (www.millebabords.org).

Voir aussi mon blog à la date du 4 avril dernier
(WELCOME أهلا وسَهْلا!)

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vendredi 17 avril 2009

LES BONS CHIENS

Dans la marge du volume de La Pléiade qu'il m'a légué, mon bon ami Bernardo a laissé une marque (cette manie de crayonner ses passages littéraires favoris ! Du coup, très souvent, il se rappelle à mon bon souvenir même si, pour des raisons esthétiques, je désapprouve le procédé). Du coup, le revoyant, lui et son bon Titus, vieillissant ensemble, se consolant ensemble des turpides du monde et des cruautés de la vie, pour mourir finalement à quelques semaines d'intervalle… bref, je me souviens de ce couple pittoresque (bientôt deux ans déjà et comme ils me manquent l'un et l'autre...) et j'admire cet extrait du grand Charles.

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jeudi 16 avril 2009

IDÉAL CONJUGAL FAÇON PARIS-MATCH

Ouf ! Mon ordinateur est enfin en ordre de marche et Internet est à nouveau branché. C'est fou comme on se sent moins seul ! Merci, chère(e) internaute, de ta patience et de ta fidélité.

N'a-t-on pas assez claironné l'anniversaire du célèbre hebdo qui continue de faire sa fortune - et la pâmoison des concierges - avec le poids des mots et le choc des photos ! Est toujours à la une son conformisme social comme l'a bien analysé et décortiqué en son temps l'indémodable Roland Barthes (1915-1980). Dans son fameux ouvrage de référence qui décryptait les mythes de la société française, il analyse le parfait bonheur petit-bourgeois et la rassurante stabilité sociale à travers le cas du mariage exemplaire d'une « miss ».

« Michelle et Carla, le charme au sommet » titrait Paris-Match de la semaine dernière. Et, en pages intérieures : « Michelle Obama, c'est l'allure, la tenue…mais, par les temps cruels qui courent, on ne va pas se coincer les vertèbres pour le protocole. » Merci pour elles ! Comme on les envie et comme ces copines décontractées nous rassurent. Dormez, braves gens. Aujourd'hui, les people de 2009 reprennent le flambeau des miss des années cinquante : le statu quo social est sauf et Paris-Match gonfle son tirage lorsque, à travers la rencontre très cool de deux First Lady,'il sème la bonne parole de la connivence féminine et de son éternel pragmatisme !

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dimanche 12 avril 2009

LE MIRACLE DE PÂQUES

Lorsqu'il pénétra dans son église, située un peu à l'écart du bourg, Julien se sentit glacé. C'était moins l'humidité du lieu (qu'on ne chauffait qu'au moment du culte, faute de moyens) qu'un immense vide spirituel. Tout n'était en lui que froidure et désolation. A vingt-huit ans, le prêtre se sentait déjà un vieillard et chaque fois qu'une fête s'achevait – c'était le soir de Pâques – sa tumeur ontologique doublait de volume. Tout s'était bien passé pourtant, comme à l'ordinaire, comme depuis 2000 ans, on avait prié, on avait espéré ; son fidèle troupeau avait bêlé d'une voix morne : « Alléluia ! Nous sommes ressuscités ! » Puis ses paroissiens étaient repartis heureux vers leurs foyers en agitant leurs cierges et en grignotant les œufs en chocolat vendus sur le parvis au profit des lépreux…

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vendredi 10 avril 2009

DÉLICES DE LA VIE OUVRIÈRE

Tout commence avec le corps d'un enfant épouvanté par l'usine du village qui souffle vapeurs et fumée par ses naseaux, tel un animal monstrueux et fabuleux.

Comme dirait Sarko 1er, le Chef de tous les Français : il faut retrouver la mystique du Travail et bosser plus pour gagner plus ! Avant de prêcher, que le très riche natif de Neuilly-sur-Seine aille donc faire un tour dans la fromagerie du cher Michel Onfray ! C'est dans ce genre d'usine que se forgent les philosophes authentiques et que se décrédibilisent les condottieri d'opérette. C'est peut-être aussi dans ce genre d'enfer ordinaire qu'au printemps 2009 les sacrifié(e)s à l'hydre Crise en viennent, par désespoir, à séquestrer leurs contremaîtres pour leur arracher quelques miettes d'espoir et de dignité.

« …j'ai travaillé avec un ouvrier fier de l'excroissance apparue à la jonction de son bras et de son avant-bras : une boule de viande, de chair, de muscle, construite et fabriquée par les milliers d'heures consacrées à la répétition du même geste. Dans le vacarme, la vapeur et les trombes d'eau, il me montrait parfois avec un clin d'œil ce signe qui fait le mutant : un animal tout entier dressé pour le travail. »

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jeudi 9 avril 2009

POÈME POUR LE JEUDI SAINT

Petite chapelle (2ème version)Il faudra que j'expose Dans un ostensoir lourd Mon cœur rongé d'amour Que son sang pur arrose. En cette apothéose Mille cierges autour Brûleront nuit et jour Dans une vapeur rose ! Et blêmes, jour et nuit, Sangloteront vers lui Comme vers une Idole Les cœurs tendres  […]

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mercredi 8 avril 2009

MISERABLES RICHES

À l'heure des patrons voyous et des directeurs séquestrés, au moment où le bouclier fiscal devient de jour en jour une menaçante muléta sociale (834 contribuables viennent de recevoir du fisc un chèque moyen de 368 261 euros “ soit l'équivalent de trente années de smic ”) j'ai trouvé assez troublante cette page d'Alain décrivant une situation de l'été 1909.
Déjà un siècle et ces messieurs-dames n'ont toujours pas compris alors que le peuple gronde ! Car l'Histoire semble bien vouloir se rebiffer, peut-être se réveiller. 1789, 1909, 2009… tous ces « 9 », ça ne vous dit rien ? Les nouveaux mots d'ordre qui circulent – « la crise a bon dos » ou « nous ne paierons pas votre crise » – tout ce ras-le-bol généralisé met en évidence la division sociale exacerbée entre nouveaux pauvres et riches de toujours, entre le « nous » des opprimés et le « vous » des oppresseurs » Car qu'arrivera-t-il lorsque la montée de la violence, de plus en plus exacerbée et sauvage, ne saura être contenue ni à la base ni au sommet, ni dans la retenue syndicale déjà minoritaire ni surtout dans les sources arrogantes et injustes de son surgissement au sommet de l'omnipouvoir sarkozien ?
Voir à ce sujet le formidable article de l'historienne Sophie Wahnich dans la page Horizons Débats du Monde du 6 avril dernier « Après 1789, 2009 ? »
[http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2009/04/04/apres-1789-2009_1176699_3224.html]

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mardi 7 avril 2009

TREIZE À LA DIZAINE

Mes dix commandements anti-stress. Garantis bio, sans colorant ni conservateur. Pas des injonctions, simplement des conseils ! Pas dix d'ailleurs mais treize : ça porte bonheur ! Des conseils que je m'applique régulièrement et plutôt avec succès. Si ce n'est pas génial ni forcément garanti, ni « vu à la télé », ça n'aggrave en tout cas pas le trou de la Sécu. Nul besoin de vignette ni d'intervention de l'Etat, c'est simplement du vécu qui peut-être utile aux autres en temps de crise, qui sait ? Bref, ma contribution citoyenne.

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lundi 6 avril 2009

INVITATION AU VOYAGE

Samedi dernier, dans un temple de la rue Madame à Paris, j'assistai à un magnifique concert. Nous n'étions qu'une poignée d'auditeurs rassemblés en ce lieu austère et une amie m'avait refilé le tuyau sachant à quel point je vibre aux lieder romantiques. Après quelques magnifiques pièces de Schubert et de Wolf, j'étais impatient de découvrir trois mélodies d'Henri Duparc car, ne connaissant pas la langue allemande, j'étais impatient d'entendre comment des mots intelligibles allaient se marier à la musique. Surtout quand ces mots sont pour moi si familiers, si souvent susurrés puisqu'il s'agissait de poèmes de Charles Baudelaire. Dois-je ajouter que les deux jeunes gens étaient non seulement talentueux mais l'un et l'autre craquants, au point que quelques pensées très incarnées vinrent ça et là parasiter l'écoute tant le baryton Jean-François Rouchon présentait l'œil vif, le profil mince, la pomme d'Adam émouvante et les mains éloquentes de Melvil Poupaud, l'un de mes acteurs fétiches. Quant au pianiste, Lionel Bams, sobre et efficace, et également charmant, il réussit sur les derniers mots de « L'invitation au voyage » un friselis pianistique d'une très grande poésie. Quand la juvénilité virile s'allie au talent musical pour vous enivrer doublement !

« Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »

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samedi 4 avril 2009

WELCOME أهلا وسَهْلا!

Bien sûr, c'est en pensant aux deux héros du film de Philippe Lioret – le jeune kurde de Calais et son maître-nageur – que j'ai écrit ma “lettre à Youssef”. Sauf qu'ici ce n'est pas du cinoche et que jamais notre jeune ami ne rejoindra son Algérie natale en nageant le crawl ! Il n'en a d'ailleurs nulle envie et c'est alors que commencent ses ennuis…

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vendredi 3 avril 2009

OUI, PAS HI-HAN !

Je dis souvent qu'il faut adhérer et acquiescer au présent. Mais pas n'importe comment ! Il ne s'agit pas d'ânonner oui-oui comme la bête fait hi-han ! C'est ce qu'explique très bien Comte-Sponville au terme d'un intéressant dossier.

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jeudi 2 avril 2009

LE BAL À VAUBYESSARD

Depuis mon retour de Fujairah, je suis toujours plongé dans « Madame Bovary ». Dans l'avion, j'avais en fait commencé par les deux derniers tiers du roman. Je l'ai ensuite repris depuis le début et j'arrive enfin au moment de la jonction. Quelle aventure passionnante ! Quelle plaisir ! C'est pour moi une découverte stimulante et une excitation permanente tant au plan de la psychologie qu'au plan strictement littéraire. J'ai enfin compris, de visu si je puis dire, ce qu'est le « bovarysme », cette sorte de fuite névrotique vers un idéal imaginaire, tant le quotidien est monotone et décevant. Pauvre Emma, si irritante et si pathétique… « Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. Elle se résigna pourtant ; elle serra pieusement dans la commode sa belle toilette et jusqu'à ses souliers de satin, dont la semelle s'était jaunie à la cire glissante du parquet. Son cœur était comme eux : au frottement de la richesse, il s'était placé dessus quelque chose qui ne s'effacerait pas. »

Cette scène du bal est évidemment emblématique et Mr Flaubert est décidément un très grand auteur. Chapeau !

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mercredi 1 avril 2009

LE TOUCHER DES PHILOSOPHES (suite et fin)

C'est le titre du livre que je dévore en ce moment. Question : les vieux sages s'adonneraient-ils aux massages ? Tu n'y es pas du tout, ami(e) internaute !! Le sous-titre est plus explicite : « Sartre, Nietzsche et Barthes au piano ». Dans cet essai, François Noudelmann s'intéresse à la pratique instrumentale de ces trois grands penseurs. Comment la philosophie s'accorde-t-elle à cette pratique en contrebande ? Décider de vivre en musique engage le corps amoureux. Barthes le comprit, à l'écart des codes dont il était devenu le théoricien. Le piano lui offrit une échappée hors des discours savants. Musicien, Barthes découvrit une autre érotique, tantôt berceuse enfantine, tantôt pourvoyeuse de pulsions.

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