Journal de Michel Bellin

Hier soir, pendant deux heures trente, face à ma télévision et la tête entre les oreillettes de mon casque hi-fi, j'ai été totalement immergé dans une transe musicale. Le plaisir total. Un vrai orgasme qui dure bien plus longtemps, lui, que la « petite mort » ! Carmen, ô ma Carmen ! (Le seul opéra que je supporte avec « La flûte enchantée »). L'interprétation à la Scala de Milan, la direction musicale du maestro Baremboïm, la mise en scène explosive d'Emma Dante, les chorégraphies frénétiques, les costumes chatoyants, tout était un régal pour l'oreille, les yeux, le cœur. Parfois, tant c'était beau et fort, les larmes me venaient aux yeux et coulaient sans retenue ! Il m'a semblé que je redécouvrais toute la sauvagerie de cette musique du Sud, sa modernité qui fit scandale à l'époque. Peut-on imaginer aujourd'hui la haine des bourgeois et pour le sujet (vous pensez, une romanichelle indépendante et fière !) et pour cette musique que d'aucuns jugeaient facile voire vulgaire ! Du coup, on comprend mieux la passion d'un Nietzsche qui se détourna de Wagner (dont personnellement je ne supporte que quelques notes exclusivement orchestrales !) pour adouber Bizet. Qu'on en juge par cet article fort savant de Benoît Goetz que je viens de dénicher sur le Net (superbe, son paragraphe 9 que j'ai aussitôt relu !). Question plus philosophique qu'il y paraît : Oui ou non, Nietzsche aimait-il vraiment et sincèrement le musicien français ? Pour moi, on l'aura compris, la réponse est évidente ! Fou de cet opéra, fou de cette musique, de ces mélodies, de ces rythmes, du livret, fou du personnage de Carmen, fou du pathétique et piteux Don José, fou aussi hier soir d'Escamillo, le toréador (enfin là, il me faut être honnête : c'est le physique du fringant chanteur américain Erwin Schrott, plus que sa voix, qui me donnait d'étranges frissons pas seulement… musicaux !). POUR VISIONNER LES 4 EXTRAITS, cliquer sur les liens !