"Essentialiser" consiste à réduire une chose ou une personne à une seule de ses caractéristiques et à tenir cette caractéristique pour essentielle voire déterminante. Si ce mot prend une place importante dans le débat public au point qu’on s’en méfie, c’est que la pensée essentialiste peut générer des idéologies réductrices, discriminatoires, voire extrémistes. D'où le risque, la facilité et la malhonnêteté d'essentialiser, par exemple, le prétendu "homosexuel", en outrepassant ses seules préférences (homo)érotiques, en  fossilisant l'individu dans un itinéraire personnel et dans une Histoire de soumission, en le radicalisant dans une militance, en le sublimant dans une "culture gay" rédemptrice, etc.
En résumé, "essentialiser" une personne — homo ou hétéro, Blanc ou Noir, homme ou femme, etc. — est une réaction plutôt primaire, paresseuse, certes pratique mais en définitive plutôt vulgaire (au sens étymologique, vulgus, la foule). Réaction paresseuse ? Surtout fallacieuse.