Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII
ICI le lien pour mon enregistrement sur Youtube :
https://youtu.be/-BiYB7_51sc?si=jgB2GdCIdSocLSxp
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ENIVREZ-VOUS
dimanche 22 décembre 2024. Lien permanent
Le Poète a toujours raison. C'est pourquoi, à la veille de l'An neuf, il vaut mieux écouter ses conseils. Donc ivresse et allégresse !
Toujours à propos de Poésie, encore ceci : je viens de publier un recueil de 64 poèmes en numérique (version papier en janvier prochain). Un autre maître m'inspire : Jules Supervielle. C'est pourquoi, en guise de présentation sur les plateformes, j'écris ceci, toujours sans illusion mais avec encore plus de passion :
Voici une soixantaine de poèmes que les nuits tumultueuses de l’auteur lui ont dictés, depuis 2015 jusqu’à ce matin (coquin) de la St Sylvestre 2025. Un pari risqué puisque la Poésie reste un art singulier, souvent intimidant et hélas peu diffusé. Qu’importe ! Pour notre vaillant ciseleur de textes, toujours à son compte et paraphrasant son maître Supervielle, l’objectif reste le même : chuchoter ses secrets à l’âme du lecteur pour en faire peut-être un allié :
« Si tu ne me saisis pas bien
Restons taciturnes ensemble.
Que mon secret touche le tien,
Que ton silence nous rassemble. »
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