Un périple bio-bibliographique !
« Deviens qui tu es », telle pourrait être la devise de Michel Bellin. Son parcours est en effet singulier : prêtre contestataire, il laisse tomber la foi, se marie, a quatre enfants, affirme à 50 ans une homosexualité décomplexée, ferraille contre la religion… pour confesser aujourd'hui un agnosticisme apaisé autant qu'amusé en laissant pour finir à "Dieu" le bénéfice du doute.
Après avoir exercé plusieurs métiers (encadreur et doreur sur bois, assistant maternel, musicothérapeute, aujourd'hui auxiliaire de vie...), il opte définitivement pour la Littérature en 2000 et s'installe en Ile-de-France. Son écriture colle au plus près de son histoire et il se reconnaît dans le mot de Jouhandeau " Pour une larme versée sur le Dieu que je perds, mille éclats de rire au fond de moi fêtent la divinité qui m'accueille partout. " Bien qu’il se considère par ailleurs comme un “ auteur sans lecteurs” (auteur loser), M. Bellin n’en continue pas moins, depuis son premier livre, à se fonder plaisamment sur la parole de Buffon : « Le génie n’est qu’une plus grande aptitude à la patience. »
En 1996, l’ex-prêtre coédita J. L’APOSTAT (Editions Golias), un essai autobiographique postfacé par Jacques Gaillot, l’enfant terrible de l’épiscopat français. Six ans plus tard, Bellin surprend en publiant coup sur coup chez H&O deux recueils de nouvelles érotiques COMMUNIONS PRIVEES et CHARME ET SPLENDEUR DES PLANTES D’INTERIEUR. L’auteur tente de renouveler le genre par une fantaisie débridée et la virtuosité du style. Réédités tous deux la même année, ces recueils du « farfadet de l’érotisme gay » connaissent un franc succès.
En novembre 2002, Michel Bellin obtient le Prix VEDRARIAS de la Nouvelle décerné par la ville de Verrières-le-Buisson pour L’envol, texte publié peu après aux éditions H&O dans un ouvrage collectif LE PREMIER FESTIN. Nouvelle surprise fin 2003 : publication d’une œuvre grave et émouvante, LE MESSAGER (toujours aux éditions H&O), l’histoire d’une rencontre décisive entre le vieux Julius et le sémillant Raphaël. « Un premier roman au parfum de Mort à Venise. » (Marc Le Quillec, Têtu). Retravaillé, ce premier roman sera réédité en 2016 aux Editions Chapitre.com sous le titre UN ANGE POUR L’ÉTÉ.
Se tournant ensuite résolument vers l’écriture théâtrale, Michel Bellin espère faire jouer son adaptation du Messager (coadapté à la scène par le comédien Denis Daniel). Parution du livre en septembre 2005 sous le titre RAPHAËL OU LE DERNIER ÉTÉ (Editions Alna) tandis qu’une autre de ses pièces LE DUO DES TÉNÈBRES, après avoir été donnée en lecture au Théâtre de la Huchette et à l’aire Falguière à Paris, a été publiée en avril 2005. Toujours aux éditions Alna, DON QUICHOTTE DE MONTCLAIRGEAU achève la trilogie théâtrale de l’auteur.
Après un recueil d’aphorismes illustrés par le jeune et talentueux R. Boussard (VOUS REPRENDREZ BIEN UN P’TIT APHORICUBE ? GAP, 2006), Michel Bellin aborde un sujet qui depuis longtemps lui tient à cœur : l’antagonisme entre le christianisme et l’homosexualité (IMPOTENS DEUS, Alna, 2006). Il y revient indirectement en écrivant en urgence une sorte de parabole évangélique sur le thème de l’Amour pur (IESCHOUA MON AMOUR), récit publié à l’automne 2007 aux Editions GAP. « Dense, pertinent, profond et décapant. L’écriture est toujours aussi belle et intérieure d’autant que l’histoire se lit comme un roman. » (Christian Terras, directeur de Golias). Cette œuvre, fondamentale pour l’auteur, sera reprise dans une sorte de remake à répétition, d’abord ‘ISA LE MAGNANIME en 2011 puis L’EVANGILE SELON SAMIR en 2016.
Après avoir réédité une nouvelle version revue et complétée de CHARME ET SPLENDEUR (cette fois chez GAP), Michel Bellin publie en juillet 2008 à l’Harmattan une seconde version de son essai IMPOTENS DEUS, de l’angélisme chrétien à l’homophobie vaticane. “Habillée de neuf, entièrement revue, lestée de sept nouveaux textes dont une lettre lumineuse de Jacques Gaillot, une version exhaustive, définitive, enfin idéale. » (Extrait de l’avant-propos).
Au printemps 2009, retour au classicisme et défi nouveau pour l’auteur : décrypter patiemment un manuscrit autographe tout en le recomposant à titre posthume pour y instiller sa sensibilité de jeune homme prolongé. Ce sera un vrai-faux Journal romanesque intitulé CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, chronique d’une mélancolie (L’Harmattan, coll. Ecritures).
L’année 2010 est particulièrement riche en parutions. Outre l’édition intégrale de sa trilogie théâtrale en un seul volume intitulé AMOUR(S) (L’Harmattan), Michel Bellin fait paraître, chez le même éditeur, son recueil ÉMOIS ÉMOIS ÉMOIS que préface Pierre Weill. Ces chroniques avaient d’abord paru en 2009 sur le site du Monde (Lemonde.fr). Elles seront suivies d’un second recueil intitulé À BELLES DENTS, Gap, 2011. Quant à J’AI AIMÉ, souvenirs d’un curé savoyard (GAP, tirage limité), il ne s’agit pas d’effusions mystiques mais bel et bien d’amours homosexuelles dans le milieu ecclésiastique. « Un poème hédoniste et pur, un manifeste du Désir libre de toute hypocrisie. Quel livre ! » (Eric Garnier). Témoignage certes étonnant et détonant au pays du Mt Blanc !
Révolution copernicienne à l’été 2012 : l’auteur abandonne le support livre pour l’édition numérisée sur liseuse (kindle). Tous les manuscrits dont l’auteur a pu récupérer les droits ont été révisés tandis que de nouvelles couvertures sont élaborées avec une même ligne graphique (dominante du noir). De nouveaux manuscrits (Le Manoir de Merval, Les amants des praz…) sont publiés en exclusivité sur Amazon.fr. (Boutique kindle). L’auteur profite de cette mutation technologique, à ses yeux aussi incontournable que prometteuse, pour mettre en ligne un remake ‘ISÂ LE MAGNANIME (L’Evangile selon Salem) que l’auteur considère comme la version définitive de Ieschoua mon amour, son chef-d’œuvre le plus sincère, peut-être le plus dérangeant. Jamais édité dans une édition papier et en exclusivité encore sur liseuse dès l'été 2012.
On le voit, pendant toutes ces années, l’auteur s’en est tenu à son défi : aborder un genre littéraire nouveau pour chaque manuscrit – nouvelles, roman, récit, thriller, théâtre, journal, aphorismes, poésies... D’ailleurs, deux de ses romans illustrent les deux facettes de son inspiration et de sa personnalité. Côté obscur (sexuel voire sadomasochiste) : LE MANOIR DE MERVAL, paru en exclusivité sur Kindle en octobre 2012 et publié en 2 parties. Côté lumineux (tendre et sentimental) : LES AMANTS DES PRAZ, parution le 1er juin 2013 (en deux tomes) suivie d'une publication papier en septembre pour les "papivores" irréductibles ! Pour la petite histoire, l'auteur s'est enfermé pendant dix jours pour écrire non-stop l'histoire d'amour tourmentée entre l'innocente Mado, le beau Lorenzo et le jeune Jean-Paul, troublant et provocateur adolescent qui cherche sa voie en brouillant les cartes... Bonne nouvelle : la Muse de Bellin était au rendez-vous et a accouché de près de 160.000 mots passionnés !
Et elle récidive en 2014 – toujours une exclusivité Kindle – avec la parution de "LA@MOUR TEXTO", compte-rendu autofictionnel (autobiographique ?) d'une passion dévorante entre Julius et le jeune Omar... sous l'œil distrait d'Oscar. Ici langue littéraire châtiée, là langage SMS châtré sur fond de "Jules et Jim" version gay. Étourdissante duo-duel dans lequel l'auteur n'en finit pas de mordre à la vie (à l'amour) et de renouveler son style.
À noter une réédition importante en mai 2015 : le 1er roman de l'auteur "Le Messager", paru en novembre 2003 chez H&O et aujourd'hui épuisé, est de nouveau disponible en version numérisée (une exclusivité Kindle) sous le titre UN ANGE POUR L'ÉTÉ, avec une couverture relookée. A cette occasion, M. Bellin a retravaillé, actualisé, amplifié son manuscrit pour faire de ce roman une œuvre crépusculaire... encore plus lumineuse.
Mais l'œuvre fétiche (son péché mignon !) de Bellin reste la littérature érotique (gay), l'emblématique "Charme et splendeur des plantes d'intérieur" et son recueil jumeau "Communions privées", deux opus présents sur Kindle... à ne tenir que d'une seule main ! Notons que ces deux œuvres, précédemment publiées chez H&O (2003), sont aujourd'hui épuisées, après plusieurs tirages, et rééditées par l'auteur qui, ayant récupéré l'ensemble de ses droits, sans cesse les complète et les peaufine, quitte à se répéter (la quasi intégralité de ces Nouvelles corsées paraît dans le pastiche 50 NUANCES DE GAYS. À ces opus-phares s'ajoutent un recueil de poèmes homosensuels (DÉLICES ET INFAMIE) et un jubilatoire et atypique 'sexercice' de style interactif intitulé LES ORAISONS JACULATOIRES. Plusieurs bréviaires libertins pour méditer et se recueillir...
Cela ne signifie pas que Michel Bellin est allergique à la féminité ! En témoigne le recueil PORTRAITS DE DAMES (paru en novembre 2014). Chacune de ses 13 héroïnes demeure une belle énigme et un prodige de vitalité. « Hypatie d'hier, Hypatie d'aujourd'hui et de toujours. Femmes si belles, bienheureuses femmes rebelles... » Treize textes inédits ou tirés de l'œuvre de l’auteur qui, courant 2015, signe un roman autobiographique intitulé QUELQUES VIES DE JULIUS .
Mis aux yeux de "Bellinus", sa plus belle inspiration, la plus sincère, peut-être la plus dérangeante, reste L’EVANGILE SELON SAMIR, remake bis de "Ieschoua mon amour". Tout en étant imbibé de tendresse évangélique, l'auteur n'en finit pas de régler ses comptes avec le catholicisme, son homophobie, sa misogynie... et ce, dans une langue inhabituelle pour lui, non plus le beau français policé, mais une tchatche éruptive ! À découvrir pour rire, pleurer, se révolter, croire peut-être à nouveau... surtout aimer comme le divin rabbi de Nazareth. À noter que le retour aux sources semble confirmé avec la parution en janvier 2015 puis en décembre (pour la version papier), du PACTE NEUF, une sorte de 5ème Évangile aussi étonnant que détonant de la part d'un auteur qui en son temps jeta aux orties son froc et ses croyances ! Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables...
Il faut encore noter que, parallèlement à ses travaux d’écriture (manuscrits et blog), Michel Bellin fait régulièrement paraître des textes davantage liés à l’actualité sur la plateforme littéraire YouScribe. Les lecteurs ont particulièrement plébiscité La sarkophobie, un mal indispensable, Abrégé de littérature érotique en dix leçons piquantes, Un cauchemar papal prémonitoire, Autant en emportent les vents, De la Kabylie jusqu’à Paris : Tabaraka Allah, etc. Le lecteur pourra aussi trouver d’une manière exhaustive ses très nombreuses contributions sur le site Short Edition [lien en haut de la page d’accueil du site].
Encore un rebond, décisif, en 2016 : un retour inattendu au livre traditionnel, sans pour autant renier le support numérique. La conviction de l’auteur est désormais faite : il a la sensation heureuse de marcher enfin sur deux jambes, une jambe américaine pour les indispensables ebooks, une jambe française pour l’édition papier et les irremplaçables libraires. Vive l’entente cordiale ! Et le plaisir dédoublé de publier et de lire. Après CE QUE ME CONFIE LA NUIT, recueil poétique paru chez Gap au début de l’année, six titres paraissent coup sur coup aux Editions Chapitre.com, avec la même charte graphique signant une collection : L’ÉVANGILE SELON SAMIR, LES BELLES DE NUIT S’OUVRENT A NOËL, UN ANGE POUR L’ÉTÉ, AU JARDIN D’ÉDEN, DÉLICES & INFAMIE et LE MANOIR DE MERVAL. À l’automne 2016, en guise de rentrée littéraire, ces trois dernières œuvres – respectivement Nouvelles gay, poésie homosensuelle, roman SM – sont réunies par leur auteur dans un coffret Collector de sa fabrication (40 exemplaires numérotés) qui intègre un portfolio très culotté intitulé PHALLOMANIA (24 créations auto[porno]graphiques). Bref, non seulement un retour au papier mais à une célébration de l’homosexualité que Michel Bellin préfère nommer homophilie. Ainsi, à bientôt 70 ans, sans renoncer à rien, encore moins se renier, l’auteur persiste et signe : « Je ne suis pas fier d’être gay, juste heureux de ne pas en avoir honte, de le vivre, de l’écrire. »
Pour finir, ce mot qui prouve, s'il en est besoin, que notre prolifique auteur ne se prend guère au sérieux : « "Quand la terre claquera dans l'espace comme une noix sèche, nos œuvres n'ajouteront pas un atome à sa poussière. » (Zola). Pour la petite histoire, cette citation fut prophétique puisque le site est parti en fumée en mai 2013 suite à un bug informatique (le Blog 2006-2012 n’a d’ailleurs pas survécu à ce séisme mais le recueil de l’année 2012 est disponible (texte et images) chez Amazon.fr/kindle sous le titre UN JOUR DE PLUS EN MOINS).
En définitive, l’homme importe plus que son « œuvre » et l’autodérision (sans cynisme) reste salutaire. L’auteur est donc rené de ses pixels en cendres : plus iconoclaste et facétieux que jamais, plus que jamais à côté de l’Edition traditionnelle (qui l’a souvent snobé), insoucieux de la critique (qui l’ignore) et de ses royalties (qui fondent comme neige au soleil), paresseux et vivant de peu, gentiment hédoniste et volontiers papophobe quoique de plus en plus emporté par une bourrasque évangélique (sans pedigree ni dogmes ni dorure vaticane !)… Michel Bellin continue son bonhomme de chemin littéraire autant que libertaire.
Si la Foi n’appartient qu’à son cœur intime et secret, sa Religion, elle, est exclusivement depuis quelque 20 ans celle des mots. « Plaisir, besoin, ivresse, tourment, drogue, obsession, compulsion, consolation… bref, écrire !!! Bondir hors de moi, hors de la prose du quotidien, bondir et rebondir. Ecrire ma vie, vivre mon écriture. Chaque jour et toujours. Pour ma Joie qui doit rester le partage : être lu, pas forcément élu. » (Profession de foi de l’auteur sur la plate-forme de Short).
[Notice biobibliographique mise à jour en octobre 2016]
Qui l'aime le suive... et surtout le lise, sur KINDLE, cela va sans dire !
BIBLIOGRAPHIE DE MICHEL BELLIN
(Editions et auto-éditions, e-books et livres papier)
J. l’apostat, coédition Golias, (épuisé), Gap, 1996.
Come out, Gap, 1998. (*)
Communions privées, H&O, 2002. (***)
Charme et splendeur des plantes d’intérieur (*) (**)
H&O, (épuisé) ; 2003. Gap, (nouvelle édition revue et augmentée), 2008.
Le premier festin, H&O, 2003.
Le messager, H&O, 2003.
Le duo des ténèbres, Alna, 2005.
Raphaël ou le dernier été, Alna, 2005.
Don Quichotte de Montclairgeau, Alna, 2006.
Vous reprendrez bien un p’tit aphoricube ? Gap, 2006. (*) (**)
Ieschoua mon amour, Gap, 2007. (*)
Impotens deus, de l’angélisme chrétien à l’homophobie vaticane
Alna, 2006 ; L’Harmattan, 2008.
Cet été plein de fleurs, L’Harmattan, 2009.
J’ai aimé. Souvenirs d’un curé savoyard, Gap, 2009. (*) (**)
Emois, émois, émois, L’Harmattan, 2010. (**)
Amour(s) Trilogie théâtrale, L’Harmattan, 2010.
À belles dents, Gap, 2011. (*) (**)
‘Isâ le Magnanime (L’Evangile selon Salem), 2011. (***)
Délices et Infamie, Poésie, 2012. (***)
Le manoir de Merval, thriller, 2012. (***)
Les amants des praz, roman, 2013. (*) (**)
L@mour texto suivi de Tanger à tout prix, 2013. (*) (**)
Cinquante nuances de gays, brefs récits homoérotiques, 2014. (***)
Tabâraka Allâh, de la Kabylie jusqu’à Paris, 2014. (***)
Phallophilia. Une leçon de stylistique érotique, 2014. (***)
Mon café gourmand, (anthologie littéraire), 2014. (***)
Cet été sur la page, 2014. (***)
Flamboyantes amours, 2014. (***)
Portraits de dames, 2014. (***)
L’élan brisé, 2015. (***)
Un ange pour l’été, (roman), 2015. (***)
Quelques vies de Julius, (roman autobiographique), 2015. (***)
Le Pacte neuf, 2015. (*) (**)
(*) Opus papier disponible auprès de l’auteur.
(**) Opus également disponible en version numérique ebook/kindle (Amazon).
(***) Opus disponible exclusivement en version numérique ebook/kindle (Amazon).
Quand Bellin faisait (déjà) son théâtre...
Tout jeune, au petit séminaire de Thonon-les-Bains, Michel se passionna pour le théâtre, se grisant d'alexandrins, s'ébrouant sous les masques et les brocarts. Sans doute est-ce dans cette vocation pour l'art dramatique que son inconscient confondit peu à peu le service de l'autel et les délices en dentelles. Bizarre, comme c'est bizarre ! Dans la salle des fêtes de l'internat savoyard se dressait une scène, une vraie, avec son proscenium en vrai plancher, son rideau cramoisi, ses torsades en stuc vert amande, ses coulisses encombrées… Quelle aubaine ! C'est là que Michel tint, avec quelque succès, plusieurs rôles du répertoire, quasiment tous féminins. Vous avez dit bizarre ?… comme c'est bizarre ! Sur ces vieux clichés, reconnaîtrez-vous le jeune comédien amateur ? Il y est successivement, et à des âges différents, Antigone, Philaminte, Agrippine et surtout la pure Violaine, son rôle fétiche. Lorsqu'on a 17 ans et qu'on en pince pour un condisciple, le beau et talentueux Jacques D***, si troublant sous son pourpoint d'hermine et son juste-au-corps moulant, quel émoi indicible (même si postiches et faux seins étaient prohibés dans un séminaire parce que trop suggestifs !), oui, quel émoi et quelle récompense de pouvoir effleurer l'autre Jacques en toute impunité et lui murmurer, dans la prose musicale de Claudel : " C'est vous, Jacques, qui êtes ce qu'il y a de meilleur au monde ! " C'est toi, Jacques, dont je veux devenir l'ami exclusif… ne le sens-tu pas, ne le comprends-tu pas ? Et tout au fond de la salle, dans l'aréopage des prêtres enjuponnés, au dernier rang, un rien jaloux, Monsieur le Supérieur fronçait le sourcil et savourait dans l'ombre un délicieux tourment…
Ah ! l'adolescence, quand nos rêves les plus fous et les plus tendres et aussi nos tourments - pas encore étiquetés - n'avaient pas encore non plus pris de ventre…
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