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En octobre 1958, Michel entre au petit séminaire Saint François de Sales de Thonon-les-Bains en Hte Savoie. Il s’est mis en tête de devenir prêtre (ce qui plaît beaucoup à maman !). À l’âge de 10-11 ans, enthousiaste et inconscient, le voilà qui franchit le seuil que surmonte, gravée dans la pierre, l’inscription solennelle « Ego elegi vos » (C’est Moi qui vous ai choisis).
À la même période, trois de ses professeurs réalisent un reportage amateur sur la vie de l’internat au fil des heures et des saisons (1959-1960). C’est ce film, retrouvé par d’anciens élèves et restauré par la Cinémathèque des Pays de Savoie, que vous allez pouvoir visionner (Durée : 39 minutes).
Voici un témoignage sociologique de première main. Un univers ecclésiastique essentiellement masculin où la femme ne peut être que nonne ou servante. Le commentaire ronflant et la musique omniprésente sont parfois d’un comique involontaire (La jeune fille et la mort de Schubert scandant la dissection de la souris de laboratoire !). On y parle du collège comme d'une "pépinière pour futurs apôtres de l’Eglise en mission". Labeur et piété y tiennent une grande place. Les corps sont à l'honneur (uniquement dans le sport collectif), les “ jeunes âmes ” (sic) y sont prépondérantes à défaut d’être palpitantes, dûment guidées et encadrées par le “directeur de conscience”. Quant au désir et au sexe... (Pour découvrir l’envers du décor, on peut se reporter à ses risques et périls au livre de Bellin J’ai aimé. Souvenirs d’un curé savoyard, Gap, 2010).
Le petit Michel, à l'époque séminariste modèle malgré sa brosse ébouriffée, apparaît quatre fois dans le film : il psalmodie dans la pénombre de la chapelle, prépare la crèche en raphia fabriquée de ses mains, reçoit un soufflet de la part de l’irascible Don Gormas puis adoube le sémillant Rodrigue (Jacques D., son amoureux secret dont les chausses le troublaient tant !). Déjà l’amour du théâtre ! On aperçoit aussi dans le film, lors d’une rencontre de parents, son père et deux de ses sœurs penchés sur un moïse portatif. Bref, l’enfant parfait et la Sainte Famille.
C'était il y a un demi-siècle. Autant dire une époque révolue. Un univers délectable ou... impitoyable ? Un séminaire pépinière ou jachère ? Dans les toutes dernières images du film, juste avant le mot "Fin", un élève inscrit au tableau noir : « Et les fruits passeront la promesse des fleurs ». Sauf que c'est l'inverse qui arriva : sur ces 200 jeunes embrigadés, qu'on devine néanmoins pétulants, heureux et avides de décompresser (Cf. l’interminable bataille de boules de neige), seule plus tard une poignée de grands séminaristes ordonnés et... un Apostat enragé, celui qui était parmi ses condisciples le plus pieux et le plus docile (pour ne pas dire servile si on en croit le sobriquet “ficelle ” dont ils l’affublaient méchamment).
Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables ! Et la nostalgie n’est plus ce qu’elle était…
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