vendredi 18 avril 2025

LE JOUR ANNIVERSAIRE DE L’AGONIE D’UNE UTOPIE

Chaque Vendredi Saint est pour moi un jour douloureux. Bien qu’athée assumé. Toujours disciple dépité. Car chaque Vendredi Saint continue de marquer la fin d’une utopie et le début d’une infamie. Ce jour-là, dit la Tradition, ‘Ieschoua, le jeune prophète de Nazareth, fut crucifié entre deux terroristes. On l’avait accusé d’être lui aussi séditieux, de menacer Rome, de menacer surtout la religion en place, en voulant la ruine du Temple, en s’opposant à la Loi et aux Prêtres, bref, en étant un fou dangereux qui se prenait pour Dieu !

 

En fait, ‘Ieschoua était un Pur, un tantinet névrosé mais génial (ne disait-il pas que Dieu était son papa ?), un idéaliste sublime qui ne voulait qu’une chose : faire le bien, semer la justice, supprimer la souffrance. Que l’Humanité enfin s’élève et fraternise ! Qu’advienne enfin le Royaume de Dieu. Que chaque individu soit enfin respecté et heureux… et que les riches et les puissants soient abaissés et mordent la poussière.

(…) Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre. »

Mais l’Ecriture ne s’est pas réalisée. Pas plus en l’an 33 de notre ère qu’en 2025 avec Gaza, l’Ukraine, Trump II, tant de guerres, tant de massacres, tant de famines, tant de gosses martyrisés, tant de femmes tabassées et violées, etc. Autant de preuves sanglantes et révoltantes que la Résurrection n’a pas eu lieu. Que l’Histoire dite Sainte se termine bel et bien, non pas à l’aube radieuse du dimanche, mais dans la soirée du Vendredi Noir. Malgré la bonne foi des disciples désespérés et l’audace d’un Saül de Tarse qui transforma une secte  déboussolée en christianisme glorieux puis impérial au IVe sicle de notre ère dite judéo-chrétienne ! C’est ainsi que rien, rien n’a changé sous le soleil de Satan : le cadavre de ‘Ieschoua se transforma en Jésus-Christ Pantocrator. Le Vatican remplaça Jérusalem. Le Pape prit la place du pécheur du lac. Le christianisme soutint la main des conquistadors, des soudards, des esclavagistes, des massacreurs de sorcières et de pédés, et aussi des violeurs d’enfants enjuponnés… Et la jolie planète bleue continua… continue joyeusement de partir à la dérive… Misère, misère, continuerait de chanter Coluche.

Aujourd’hui, comme chaque vendredi saint, j’écouterai Bach, bien sûr, et sa Passion selon St Matthieu ; plutôt celle de saint Jean, que je connais moins. Et, en me réveillant ce matin du 18 avril 2025, j’ai relu le poème qui va suivre, écrit il y a quelques années. Rien à redire, rien à changer. Le résumé d’un échec personnel. Pas le mien – du moins, pas totalement – le sien. Ces impropères ont été écrits durant l’après-midi du Vendredi Saint, 24 mars 2016. C’est à cette date que j’avais situé le sacrifice de mon héros contemporain in « L’Evangile selon Samir » (Epilogue “Sortie de crise par le haut et par un cri public”). Le triptyque RABBOUNI le plus proche de mon cœur, car il en va de la Foi comme de l’Amour : la fidélité est ce qui en reste... quand on l'a perdu(e).

 

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        REPROCHES À MON PEUPLE

 

J’étais l’hôte attendu, et plus encore l’Ami

Je me suis attablé avec toi en famille

J’ai insufflé la vie à ta petite fille

J’ai fractionné ton pain et tiré l’eau du puits.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi m’as-tu éconduit ?

Responde mihi !

 

J’apportais un trésor – la Joyeuse Nouvelle –

À la table riante où les mômes se pressent

Mais tu as souffleté leur bruyante allégresse

Et je m’en suis retourné, seul, par les ruelles.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi n’as-tu rien compris ?

Responde mihi !

 

La moisson blanchissait : je cours à ta rencontre,

Je te prends par la main, je te parle du monde

En voulant t’associer à mon œuvre féconde

Semée au cœur du Père : toi, tu votes contre !

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi un tel mépris ?

Responde mihi !

 

J’ai voulu réunir les frères ennemis

Et rendre un peu de paix à ce vieux monde usé

J’ai lutté, j’ai prié… L’Alliance s’est brisée :

Contre moi j’ai trouvé nombre de mes amis.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi m’as-tu trahi ?

Responde mihi !

 

Je venais moissonner le grain de la récolte

Presser la grappe mûre et vous régler vos gages

Je souhaitais vendanger avec vous les cépages.

Envieux, tu me guettais et ce fut la révolte !

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi un tel défi ?

Responde mihi !

 

Je m’étais fait petit pour gagner tes demeures

Je voulais te parler, partager mon avis

Pour savoir chaque instant du drame de ta vie ;

Réviser tous nos plans pour un monde meilleur.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi un tel déni ?

Responde mihi !

 

Des banlieues j’ai gagné les mornes ateliers

Où je savais trouver mes frères au travail.

J’y ai trimé longtemps ; j’ai respecté mon bail.

Mais on m’a regardé comme un meneur damné !

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi m’avoir licencié sans préavis ?

Responde mihi !

 

À toi j’offrais l’aurore et tu hèles la nuit

J’éclairais ta lanterne et tu souffles la mèche

Je voulais dans la guerre entrouvrir une brèche

Mais tu l’as colmatée pour nourrir ton ennui.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi me désigner comme ton ennemi ?

Responde mihi !

 

Ne sachant plus que dire et ne sachant quoi faire,

Dévoré par la soif, je t’ai crié « Sitio ! « 

Toi, tu as ricané puis, en hurlant « Haro ! »,

Tu m’as offert du fiel, seul cadeau de ta terre !

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi une si atroce agonie ?

Responde mihi !

 

Les profondes angoisses de ma mère inquiète

Que, par ton réconfort, j’espérais soulager,

Tu les as ignorées… La voilà outragée !

Écrasée à mes pieds par des affres muettes.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Pourquoi ne l’avoir pas épaulée, en ami ?

Responde mihi !

 

Ni ma voix qui te presse ni mon cœur qui t’aime

Ne peuvent plus combler tes stériles attentes…

Il ne me reste plus qu’à édifier ma tente

En haut du Golgotha – ma donation suprême.

 

Populus meus, quid feci tibi ?

Ô mon Peuple chéri, accepteras-tu du moins ma nuit ?

Responde mihi !

 

 

Christ lépreux de la basilique de Brioude
Christ lépreux de la basilique de Brioude, Auvergne, avr. 2025

Poème de M. Bellin. Publié dans « ACCORDAILLES, poèmes et prières », Les Editions chapitre.com, 2017.

jeudi 17 avril 2025

LA PREMIÈRE FOIS QUE ChatJPT M’A PIÉGÉ !

Tôt ce matin, il m’est arrivé une étrange aventure. Affolante et bouleversante.

À peine installée la nouvelle version de Windows 11 sur ma tablette, dopée comme chacun sait à l’Intelligence artificielle, dite IA, et réputée pour sa fluidité et son inventivité, eh bien, je n’ai pas pu ou su désactiver la fonction Script GPT qui gère les messages de l’utilisateur d’une façon sûre autant qu’intuitive.

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samedi 15 mars 2025

LIBÉRATION D’UN OTAGE APRÈS 52 ANS D’ASSIGNATION IDENTITAIRE !

Le témoignage qui va suivre est un pot-pourri très pourri, plus exactement une suite de variations plutôt baroques, sur le thême "Mieux vaut tard que jamais". 

 

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FLIP-FLOP : Trente ans de guérilla antichrétienne

 


 

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mercredi 12 mars 2025

QU'EST-CE QUE LA POÉSIE ?

A l'occasion de la parution de mon recueil de poèmes CE QUE ME CONFIE LA NUIT, je viens d'être interviewé par un journaliste de Radios Libres en Périgord. Beaucoup de questions de la part d'Antoine A. et encore plus de digressions de la part de l'auteur, un peu poète malgré lui. Mais en définitive, qu'est-ce que la Poésie ? En quoi interfère-t-elle avec la (ma) vie ? Avec l'actualité, donc la politique ? En quoi est-elle un genre littéraire particulier, suscitant parfois, sinon de l'appréhension pour le lecteur, du moins une sorte de timidité ! Bref, durant une demi-heure, je tente de répondre à ces questions et à d'autres, pour mieux incarner mes 64 poèmes, leur insuffler de la vie, de l'amour, aussi de l'humour.

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POUR UN ATHÉISME REVIGORÉ ET DÉCOMPLEXÉ

Dans le dernier N° de LA RAISON (mensuel de la Libre Pensée), je viens de faire paraître un article plutôt incisif. "Manque de nuances" tempère mon ami O. Mais il s'agit d'un pamphlet anti-catholique ! Dans ce même numéro, le lecteur trouvera la présentation d'une féministe de choc (Madeleine Pelletier) et du grand écrivain Georges Simenon. Ce n° (mars 2025, n°699) est disponible à la LIBRAIRIE DE LA LIBRE PENSEE, 10 rue des Fossés-St-Jacques à Paris (5e arrondissement) pour la modique somme de 3,50€ et disponible lors de ma séance de dédicace à la librairie MARBOT de Périgueux le 14 mars prochain.

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lundi 30 décembre 2024

LA CAGE DORÉE DU SOLSTICE

À force de vivre (je viens de franchir allègrement mon 77e Noël), je me suis aperçu que les fêtes du Solstice constituent en Occident une sorte d’antre, de sanctuaire inviolable pour ne pas parler de chasse-gardée. Îlot d’émerveillement dédié aux familles et aux enfants qui, chaque année à la même date, se jouent La comédie du Bonheur avec force embrassades et cadeaux, en acceptant d’avance tous les poncifs, que ce soit le foie gras, le sapin enguirlandé et le concert de Vienne du 1er janvier diffusé en mondovision.

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lundi 23 décembre 2024

MON DÉCOR DE NOËL

oël est pour moi une fête urticante. Je la subis bien plus que je ne la savoure et je ne pense pas être le seul. Ceci dit, je deviens de plus en plus tolérant car il faut bien que les bipèdes, mes frères, trouvent une fois l'an, à l'occasion du solstice d’hiver, une occasion d'espérer et de croire en la Terre Promise, si possible enrubannée et enduite de foie gras. Quant aux marmots, prétendument innocents, c'est leur jour de triomphe : tout tout de suite pour moi tout seul. (Les p'tits pervers !)  Bref, Joyeux Noël.

 

Patience, ça va passer, idem pour la St Sylvestre, pas si grave, pas si con. Car pour finir, Noël. c'est un peu comme Dieu, en moins pire tout de même : décoratif et inoffensif. Omniprésent et toujours barbant. Je ne L'attaque plus frontalement, je préfère hausser les épaules et me marrer en douce, en l'appelant Flip-Flop et en lui laissant le bénéfice du doute, malgré son horrible passif de persécutions et de destructions planétaires.

 

Revenons à ce mirifique 25 décembre. Comme le plus important est de ne pas verser dans le cynisme, cette année, j'ai trouvé ma parade : le détournement. Outre que je suis un fanatique des articles de Maïa dans Le Monde (je recommande chaudement sa sélection de cadeaux érotiques à offrir à Noël), il m'a semblé particulièrement jouissif de RECYCLER les symboles traditionnels de " la Grande Fête Dégoutante ", comme j'ai longtemps désigné notre Noël à l'occidentale. 

 

Donc aujourd'hui, sans mots superflus, je donne ci-dessous à admirer à mon lecteur chéri et à ma lectrice adorée mes TROIS décorations de Noël, trois recréations originales posées sur mon piano numérique comme autant de splendides trophées.

  1. À droite, posé sur son trépied, mon dernier bouquin à l'élégance aussi racée que connotée grâce à sa couverture, modifiée pour l'occasion : une mise en valeur de BOULES de Noël particulièrement festives et rutilantes. 
  2. Sur un magnifique jeté de table, toujours posée sur l'instrument, ma déclinaison minimaliste du traditionnel SAPIN que je ne me lasse pas d'admirer tant il est élancé, élégant, longiligne et aérodynamique. Il n'a qu'un inconvénient : qui s'y frotte s'y pique ! 
  3. Enfin, pour faire bonne mesure, au centre, les PÂTISSERIES que j'offrirai à mon hôte mercredi : au lieu des rissoles de mon enfance et autres bûchettes traditionnelles, quelques " Bistouquettes de la Nativité " que j'ai moi-même cuisinées selon une recette et un gabarit gardé secrets. Miam !

 

JOYEUX NOËL !

Et déjà BONNE ANNEE !

puisque les deux merveilleuses calamités

se succèdent et s'enchaînent.

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dimanche 22 décembre 2024

ENIVREZ-VOUS

Le Poète a toujours raison. C'est pourquoi, à la veille de l'An neuf, il vaut mieux écouter ses conseils. Donc ivresse et allégresse !

Toujours à propos de Poésie, encore ceci : je viens de publier un recueil de 64 poèmes en numérique (version papier en janvier prochain). Un autre maître m'inspire : Jules Supervielle. C'est pourquoi, en guise de présentation sur les plateformes, j'écris ceci, toujours sans illusion mais avec encore plus de passion :

Voici une soixantaine de poèmes que les nuits tumultueuses de l’auteur lui ont dictés, depuis 2015 jusqu’à ce matin (coquin) de la St Sylvestre 2025. Un pari risqué puisque la Poésie reste un art singulier, souvent intimidant et hélas peu diffusé. Qu’importe ! Pour notre vaillant ciseleur de textes, toujours à son compte et paraphrasant son maître Supervielle, l’objectif reste le même : chuchoter ses secrets à l’âme du lecteur pour en faire peut-être un allié :


« Si tu ne me saisis pas bien

Restons taciturnes ensemble.

Que mon secret touche le tien,

Que ton silence nous rassemble. »

 

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