août 2008 (24)

samedi 30 août 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (18)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Chronique d'une mélancolie (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé des années de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop

mais non ! C'est le scoop du jour.
DEPUIS HIER IL Y A DU NOUVEAU !!! Je viens de signer mon contrat d'édition avec L'Harmattan (Collection Ecritures). Le livre sortira sans doute début novembre, un énorme pavé de près de 500 pages avec des hors-textes (photos, fac-similés, lettres manuscrites…). Du coup, je retravaille et peaufine le manuscrit. Et en attendant, rien ne change : je continuerai chaque fin de semaine à mettre en ligne le Journal de Paul. CET AUTOMNE PLEIN DE PROMESSES !

Partons donc sans plus attendre - et en avant-première - à la découverte de ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal et à Paris ou il dépérit, ce jeune homme qui est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… et qui ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément ! Puisque c'est ma propre adolescence que je réécris à titre posthume en y injectant ma fièvre et mes utopies de jeune homme prolongé et de moins en moins mûr (au moins, je ne serai pas blet prématurément !)

Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :
On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.
RIMBAUD, Illuminations

Lire la suite

vendredi 29 août 2008

L’AMOUR GREC POUR LES GARÇONS (5)

Nous affirmons aujourd'hui qu'on ne doit plus accorder aux relations de type homosexuel une moindre valeur, ni lui réserver un statut particulier. Or, il semble qu'il en ait été très différent pour les Grecs : ils pensaient que le même désir s'adressait à tout ce qui était désirable – sous la réserve que l'appétit était plus noble qui se portait vers ce qui est plus beau et plus honorable ; mais ils pensaient aussi que ce désir devait donner lieu à une conduite particulière lorsqu'il prenait place dans une relation entre deux individus de sexe masculin. Les Grecs n'imaginaient point qu'un homme ait besoin d'une « nature » autre pour aimer un homme ; mais ils estimaient volontiers qu'aux plaisirs qu'on prenait dans une telle relation, il fallait donner une forme morale autre que celle qui était requise lorsqu'il s'agissait d'aimer une femme. Dans ce genre de rapport, les plaisirs ne trahissaient pas, chez qui les éprouvait, une nature étrange ; mais leur usage requérait une stylistique propre.

Lire la suite

jeudi 28 août 2008

L’AMOUR GREC POUR LES GARÇONS (4)

Nous affirmons aujourd'hui qu'on ne doit plus accorder aux relations de type homosexuel une moindre valeur, ni lui réserver un statut particulier. Or, il semble qu'il en ait été très différent pour les Grecs : ils pensaient que le même désir s'adressait à tout ce qui était désirable – sous la réserve que l'appétit était plus noble qui se portait vers ce qui est plus beau et plus honorable ; mais ils pensaient aussi que ce désir devait donner lieu à une conduite particulière lorsqu'il prenait place dans une relation entre deux individus de sexe masculin. Les Grecs n'imaginaient point qu'un homme ait besoin d'une « nature » autre pour aimer un homme ; mais ils estimaient volontiers qu'aux plaisirs qu'on prenait dans une telle relation, il fallait donner une forme morale autre que celle qui était requise lorsqu'il s'agissait d'aimer une femme. Dans ce genre de rapport, les plaisirs ne trahissaient pas, chez qui les éprouvait, une nature étrange ; mais leur usage requérait une stylistique propre.

Lire la suite

mercredi 27 août 2008

L’AMOUR GREC POUR LES GARÇONS (3)

Nous affirmons aujourd'hui qu'on ne doit plus accorder aux relations de type homosexuel une moindre valeur, ni lui réserver un statut particulier. Or, il semble qu'il en ait été très différent pour les Grecs : ils pensaient que le même désir s'adressait à tout ce qui était désirable – sous la réserve que l'appétit était plus noble qui se portait vers ce qui est plus beau et plus honorable ; mais ils pensaient aussi que ce désir devait donner lieu à une conduite particulière lorsqu'il prenait place dans une relation entre deux individus de sexe masculin. Les Grecs n'imaginaient point qu'un homme ait besoin d'une « nature » autre pour aimer un homme ; mais ils estimaient volontiers qu'aux plaisirs qu'on prenait dans une telle relation, il fallait donner une forme morale autre que celle qui était requise lorsqu'il s'agissait d'aimer une femme. Dans ce genre de rapport, les plaisirs ne trahissaient pas, chez qui les éprouvait, une nature étrange ; mais leur usage requérait une stylistique propre.

Lire la suite

mardi 26 août 2008

L’AMOUR GREC POUR LES GARÇONS (2)

Nous affirmons aujourd'hui qu'on ne doit plus accorder aux relations de type homosexuel une moindre valeur, ni lui réserver un statut particulier. Or, il semble qu'il en ait été très différent pour les Grecs : ils pensaient que le même désir s'adressait à tout ce qui était désirable – sous la réserve que l'appétit était plus noble qui se portait vers ce qui est plus beau et plus honorable ; mais ils pensaient aussi que ce désir devait donner lieu à une conduite particulière lorsqu'il prenait place dans une relation entre deux individus de sexe masculin. Les Grecs n'imaginaient point qu'un homme ait besoin d'une « nature » autre pour aimer un homme ; mais ils estimaient volontiers qu'aux plaisirs qu'on prenait dans une telle relation, il fallait donner une forme morale autre que celle qui était requise lorsqu'il s'agissait d'aimer une femme. Dans ce genre de rapport, les plaisirs ne trahissaient pas, chez qui les éprouvait, une nature étrange ; mais leur usage requérait une stylistique propre.

Lire la suite

lundi 25 août 2008

L’AMOUR GREC POUR LES GARÇONS

Dernière semaine d'août. Ça sent furieusement la rentrée. « Comment, Biquet – disait maman – tu n'as pas encore terminé tes devoirs de vacances ? File chercher ton cahier. Plus une minute à perdre. Cette semaine, chaque matin, au lieu de grimper sur tes échasses ou tes patins à roulettes, tu seras consigné à la maison. Je veux que chaque chapitre soit appris par cœur et chaque exercice consigné au propre. Et pas avec un stylo Bic, à la plume s'il te plaît ! »
Bon, c'est un peu du roman car, comme la religion catholique m'avait inculqué scrupule et sens du devoir, j'avais fini mes devoirs de vacances dès la mi-juillet. Après, je m'ennuyais… D'autre part, plutôt que les patins à roulettes et les horrifiques baignades au lac, je préférais filer à la cave pour me déguiser en fée des grèves avec la robe de chambre bleu roi de tante Angèle – j'ai dû raconter ce souvenir au moins cent fois.
En tout cas, roman ou autofiction, toi, ami(e) internaute, tu n'y couperas pas : cette semaine, tu es consigné(e). Juste avant la rentrée, ce sont les bouchées doubles. Et par pour les badins plaisirs buccaux que l'Eglise prohibe, Dieu me les sectionne ! non, cinq leçons à apprendre par cœur sous la férule du maître Michel Foucault, expert incontesté de la sexualité occidentale et de sa période préchrétienne. Vivent les Grecs !
Pourquoi ce cours de rattrapage ? Parce qu'il me semble que la plupart des gens ne comprennent rien, mais vraiment rien, à l'amour grec. Que de caricatures ! Que d'anachronismes ! Que de simplifications consternantes ! Comme si les anciens Grecs étaient des gays avant l'heure et qu'ils ne songeaient qu'à baiser ou à pédophiler alors que l'amour pour les garçons chez eux relevait avant tout d'une Erotique et d'une Esthétique. Entreprise si délicate et si subtile que c'est à vous dégoûter de tomber amoureux d'un jeunot ! Il est donc grand temps de remettre les cadrans solaires à l'heure et c'est ce à quoi va s'appliquer cette semaine de remise à niveau intensive.
Pour te simplifier le travail, cher(e) internaute, car j'ai un peu pitié de t'infliger ce pensum juste avant la rentrée, voici l'intitulé des 5 leçons pour que tu t'y retrouves :

1/ L'amour entre garçons et la différence d'âge.
2/ L'amour entre garçons comme jeu social. (mardi)
3/ L'amour entre garçons : un jeu très ouvert. (mercredi)
4/ L'amour entre garçons face au temps précaire. (jeudi)
5/ L'amour entre garçons… et l'amour tout court. (vendredi)

Et samedi, on retrouve Paul de Montclairgeau.

J'ajoute que j'ai aéré le texte par des paragraphes et mis certaines phrases-clé en gras pour faciliter la progression de la pensée. Allez, râle pas, une semaine, c'est vite passé et c'est bien de se cultiver, non ?

Lire la suite

vendredi 22 août 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (17)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Journal romanesque (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé plus de deux ans de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop romantique, trop adolescentrique, trop ceci, pas assez cela etc. Tant pis pour eux ! Et tant mieux pour mes chers Internautes qui vont s'approprier ce monument de la Littérature intimiste (!). Petite curiosité : y aura-t-il parmi eux des petits malins qui, semaine après semaine, vont « copier coller » le Journal de Paul de manière à se constituer une édition perso ? Je l'espère bien : c'est cadeau ! Tout plutôt qu'un manuscrit qui jaunit dans un tiroir. Et puis, ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal où à Paris ou il dépérit, ce jeune homme est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… il ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément !
Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en nous remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.
RIMBAUD, Illuminations

Lire la suite

jeudi 21 août 2008

ÉLOGE DU DANDYSME

Baudelaire toujours ! La littérature fait décidément bien les choses (ce que j'appelle ma bibliothérapie). Au moment où, sous le coup d'une blessure affective causée par l'absence, je ne sais plus où je vais, comment je dois vivre (ou plutôt survivre à ce summum de vulgarité et d'insignifiance qu'est devenue notre société), cet auteur est un phare… même si je n'ai jamais porté de smoking ni su nouer moi-même correctement une cravate ! Mais on peut avoir ses élégances ailleurs ! Ma seule certitude : être inactuel et intempestif ; et tendre à cet impossible but : devenir le maître et le sculpteur de soi-même. Se sculpter... sans se blinder !

Lire la suite

mercredi 20 août 2008

LA CHINE VUE PAR… (10)

Qu'en ont dit nos écrivains français ? Reprise de ma série où s'illustreront Diane de Margerie (l'une des deux seules écrivaines dénichées avec la Grande Sartreuse !) Renan, Montesquieu, André Chénier, Paul Claudel, Philippe Solers, Pierre Loti etc. Passionnant, non ? à l'heure où l'Empire du Milieu intrigue ; fascine et inquiète.Aujourd'hui l'écrivain qui me fascine le plus dans sa description de l'Asie : Henri Michaux (1899-1984). Ses croquis sont tellement bien vus, alertes, pleins de couleurs autant que de psychologie subtile et d'humour, qu'ils n'ont pas pris une ride depuis la parution de son livre en 1933. La Chine d'aujourd'hui est méconnaissable, le Chinois, lui, est éternel. Et Michaux, un barbare décidément très fréquentable !

Aujourd'hui, la Chine, nation pacifique.

Lire la suite

mardi 19 août 2008

OBJET TRANSITIONNEL

Cette nuit, vers 2h 30 (notre heure habituelle), je me suis éveillé soudain : dans son lointain pays, dort-il ? Rêve-t-il ? Son épaule le fait-elle souffrir ? Va-t-il se lever en maugréant pour aller soulager sa vessie ? J'ai cherché sa main dans le noir. En vain…
Du temps où nous dormions ensemble, c'était notre signal clandestin - touchante gaminerie - une sorte de pacte ou de talisman ayant valeur d'éternité, connivence, refuge et sécurité. Ce seul geste, sans la moindre parole. Nos mains se cherchent obscurément et, une fois trouvées, nos doigts s'étreignent en silence, le plus longtemps possible, jusqu'à ce que le sommeil de l'un desserre l'amical étau. A nos âges ! N'est-ce pas un peu bêta ? Mais je ne connais point d'autre signe de virile tendresse.Alors, cette nuit, en son absence, dans la touffeur aoutienne, couché sur le côté gauche qui cogne et me fait mal, j'ai serré contre ma joue son vieux polo rouge si usé jusqu'à la trame qu'il ne ressemble plus à rien (l'homme est conservateur pour certains objets !). Je le lui avais dérobé juste avant son départ pour les Emirats. Autre espièglerie assumée. Sans honte ni forfanterie. Ce n'est ni régressif ni stupide, ni ceci ni cela, « c'est ».Un point c'est tout. Histoire de le rejoindre pour pouvoir enfin me rendormir, en regrimpant en enfance, au Royaume des doudous et des nounours (pour moi, c'était une poupée de son et à tête de porcelaine qui s'appelait Catherine). L'enfance… cette contrée des effrois nocturnes et des immenses solitudes. Des regrets inconsolés.

Qui peut oublier et jouer au fanfaron ?

Lire la suite

lundi 18 août 2008

HISTOIRE D’HUÎTRE

Chaque été, ou presque, le problème est récurrent et la rumeur – justifiée ou non – enfle, se répand, alarme les gastronomes : les huîtres du bassin d'Arcachon ne sont pas consommables. L'Etat s'émeut et prohibe la vente. C'est ce qu'on appelle « le principe de précaution » qui a l'avantage principal de couvrir Messieurs les Bureaucrates parisiens au cas où… Certains amateurs de mollusques obtempèrent, d'autres passent outre. Ma maman, il y a fort longtemps, alors qu'on ne mangeait des huîtres qu'une fois par an (au réveillon de Noël) – c'était un mets pour riches et gens distingués mais, ce soir-là, chaque prolo avait bien le droit de rêver à la promotion sociale puisque venait de naître le Rédempteur et aussi de faire semblant d'apprécier ces étranges bébêtes bivalves au sexe indéterminé – bref, ma maman disait d'un ton sentencieux : « On ne doit manger des huîtres que durant les mois en « R » ». Donc, pour août, c'est râpé !
Peu m'importe en fait, moi qui les adore en toutes saisons, tel n'est pas mon propos. Retour à la littérature – qu'on peut consommer toute l'année, été comme hiver et même durant les années bissextiles. Connais-tu, cher internaute, Mary Frances Kennedy Fisher (1908-1992) ? On a dit d'elle que c'était « la plus grande styliste de la langue anglaise ». Je veux bien le croire, surtout dans cette belle traduction de Jacqueline Henry et Béatrice Vierne.

Lire la suite

vendredi 15 août 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (16)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Journal romanesque (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé plus de deux ans de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop romantique, trop adolescentrique, trop ceci, pas assez cela etc. Tant pis pour eux ! Et tant mieux pour mes chers Internautes qui vont s'approprier ce monument de la Littérature intimiste (!). Petite curiosité : y aura-t-il parmi eux des petits malins qui, semaine après semaine, vont « copier coller » le Journal de Paul de manière à se constituer une édition perso ? Je l'espère bien : c'est cadeau ! Tout plutôt qu'un manuscrit qui jaunit dans un tiroir. Et puis, ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal où à Paris ou il dépérit, ce jeune homme est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… il ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément !
Embarquons donc pour cette Chronique d'une mélancolie, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Ah ! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant… - Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes… En effet les nerfs vont vite chasser.

RIMBAUD, Illuminations

Lire la suite

jeudi 14 août 2008

CLÉMENCE

Un gosse lardé de 40 coups de couteau, un SDF battu à mort en Seine-et-Marne, un attentat sanglant à Kirkourk, les horreurs du « bon docteur » Karadzic etc. etc. Entre dégoût et indignation, il est temps de revenir à l'insurpassable Sage et de relire la petite phrase de Proust, pour une fois touchant.

Lire la suite

mercredi 13 août 2008

LA REINE DE SABA

Mieux vaut tard que jamais, me voici plongé dans Flaubert et dans sa « Tentation de saint Antoine ». Je découvre le chef d'œuvre dans une vieille édition du siècle dernier : le papier est épais, les caractères confortables et fort séduisantes les illustrations de Pierre Girieud. Le livre reste ouvert sur le lit (désormais trop grand depuis son départ !) et dès que survient l'insomnie, je me plonge dans les affres fort colorées du pieux ermite. C'est foisonnant, délirant, quasi fellinien. Forcément dès qu'il s'agit de tentation et de ses fascinants sortilèges ! Quant à la langue, elle est évidemment superbe, riche, colorée, avec des mots exotiques extravagants. (Evidemment celui qui répugne à ouvrir un dictionnaire n'a qu'à aller voir chez Marc Levy si j'y suis !). Taper un tel texte n'est pas une corvée mais un plaisir : le son de ma voix fait avec le cliquetis du clavier un plaisant concertino et, sur cette musique, elle s'avance, elle danse, l'éternelle femelle sensuelle et rouée ! Il faut lire un tel texte à mi-voix, le susurrer, et non le passer au tamis d'un déchiffrage cérébral. Sensualité et plaisir sont à ce prix. Car les mots sont musique et sortilège.
Voici donc l'apparition du jour : mi Cléopâtre mi Lolita, la donzelle m'a fait une forte impression. Comme sa voix est languide et perfide ! Oh ! si tu voulais, si tu voulais !… Nous dormirions sur des duvets plus mous que des nuées, nous boirions des boissons froides dans des écorces de fruits et nous regarderions le soleil à travers des émeraudes ! Viens !… Pauvre Antoine ! Va-t-il résister ? Je ne peux que lui conseiller de déguerpir et d'abandonner pour une fois mon axiome préféré : « Dépêchez-vous de céder à la tentation de peur qu'elle ne s'éloigne ! » mais chut, voici la Séductrice qui avance juchée sur sa monture…

Lire la suite

mardi 12 août 2008

J - 30

« L'homosexualité est un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu. » (1986)… « Reconnaître légalement les unions homosexuelles serait masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l'humanité.» (2002)… « L'Eglise ne peut pas admettre aux Ordres Sacrés ceux qui pratiquent l'homosexualité ou soutiennent ce qu'on appelle la culture gay. » (2005)… « La revendication homoparentale porte en elle le ferment d'un danger anthropologique… »

Lire la suite

lundi 11 août 2008

LE PETIT GARÇON QUI DESSINAIT DES CHÂTEAUX

L'avant-veille de son départ pour le Golf d'Oman, nous avons regardé ensemble un DVD. Ce n'est pas dans nos habitudes : le cinéma est un Art à part entière qui n'est servi que par le grand écran et dont le miracle ne s'accomplit que par le rituel de la salle obscure quand se referme sur les spectateurs « ce délicieux traquenard » dont parlait si bien Genet. Mais ce jour-là, mon compagnon n'avait pu résister à une impérieuse envie d'acheter sur le marché de Garches une version intégrale (3h 37 !) du fameux film de David Lean qui nous avait l'un et l'autre envoûté durant notre adolescence. Plus qu'un magnifique livre d'images, « Lawrence d'Arabie » trace un stupéfiant destin. Thomas Herbert Lawrence (et son charismatique interprète, le troublant Peter O'Toole) nous occupa deux soirées entières. J'ai pu vérifier à cette occasion combien ma mémoire cinématographique fonctionne à merveille tant j'anticipais aisément quelque quarante années plus tard ici une image, là un travelling. Dans l'épisode de la prison de Deraa, j'ai ressenti le même trouble que dans le mutisme de mes 15 ans : comment, face à la fascination d'une chair dénudée et palpitante, un homme qui a autorité peut en humilier un autre ? Aucune réponse pour mes pupilles dilatées, pas même l'évocation d'une quelconque homosexualité, juste le trouble du non-dit dans le rictus du geôlier face au beau regard bleu apeuré… On se remémore ce qui nous a fasciné et touché. Peut-être inquiété. Il me plaît en tout cas de prolonger ce matin ces retrouvailles par une page de François Nourissier.
Pour la petite histoire, j'ai trouvé l'hiver dernier son bouquin abandonné sur un trottoir, au milieu des gravats, et depuis que j'ai recueilli ce pavé de près de 700 pages, j'y trouve ça et là de superbes pépites ! Certains adoptent des clebs abandonnés dans la torpeur aoûtienne, moi, ce sont les livres en perdition car je raisonne de plus en plus comme le Julius de mon théâtre : « Les livres ne sont pas fait pour être lus, mais pour tenir compagnie. C'est tellement plus reposant qu'un chien ! » Mon seul problème : la place puisque chez moi l'empilement des bouquins tient lieu de bibliothèque. Le style « Louis caisse » est ma gloire à l'heure où, chez les cons et les nouveaux riches façon Sarko, l'écran plat géant « made in China » fait office de marqueur social en lieu et place de La Pléiade ! Passons. Place au romantisme du désert.

Lire la suite

samedi 9 août 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (15)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Journal romanesque (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé plus de deux ans de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop romantique, trop adolescentrique, trop ceci, pas assez cela etc. Tant pis pour eux ! Et tant mieux pour mes chers Internautes qui vont s'approprier ce monument de la Littérature intimiste (!). Petite curiosité : y aura-t-il parmi eux des petits malins qui, semaine après semaine, vont « copier coller » le Journal de Paul de manière à se constituer une édition perso ? Je l'espère bien : c'est cadeau ! Tout plutôt qu'un manuscrit qui jaunit dans un tiroir. Et puis, ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal où à Paris ou il dépérit, ce jeune homme est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… il ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément !
Embarquons donc pour ce Journal d'une âme, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Je me repens d'avoir assombri ma jeunesse, d'avoir préféré l'imaginaire au réel, de m'être détourné de la vie.
André GIDE (Les nouvelles nourritures)

Lire la suite

vendredi 8 août 2008

LA CHINE VUE PAR… (9)

Le coup d'envoi des Jeux olympiques vient d'être donné. À circonstance exceptionnelle, blog un peu chamboulé. Aujourd'hui en effet, pas de littérature sur la Chine, mais un très bon papier journalistique. En forme de bilan : tour d'horizon de ce qui a changé pour les doits de l'homme en Chine depuis l'attribution des jeux à Pékin en 2001. Pas de quoi pavoiser même si certaines avancées sont indéniables. Mais, franchement, pouvait-on imaginer qu'un tel pays, avec un tel passé, devienne un modèle sociétal en 7 ans ?! Ne valait-il pas mieux être circonspect au moment de l'attribution des Jeux et enfin lucide sur leur morale aussi pompeuse que creuse : l' « idéal olympique » est une belle idée mais reste un rêve. Pour ne pas dire un leurre ou un trompe l'œil.

Inutile de préciser que je ne me planterai pas aujourd'hui devant mon écran, ne serait-ce que pour ne pas voir frétiller dans la tribune d'honneur notre petit clown national, médaille d'or de l'hypocrisie !

Lire la suite

jeudi 7 août 2008

LA MÉTHODE SCHOPENHAUER (suite)

Pourquoi allons-nous mourir un jour (peut-être ce soir) ? Comment vivre en sachant que rien, absolument rien, ni l'amour ni l'intelligence ni le fric ni le succès, ni quelque divinité hypothétique, rien ne nous protègera du grand saut dans le vide ? Comment dès lors se sentir encore libre et suffisamment heureux pour affronter le reste de notre vie ? Qu'est-ce qui apaisera notre angoisse et alimentera notre humour ? Voilà les questions éternelles soulevées par le « roman pédagogique » que je viens de dévorer, mon coup de cœur de l'été.
Des bribes de réponses dans cet entretien avec son talentueux auteur, Irvin D. Yalom.

Lire la suite

mercredi 6 août 2008

LA MÉTHODE SCHOPENHAUER

Je ne lis pratiquement aucun roman. Disons, un tous les dix ans. Pas moyen de m'y mettre, je ne marche pas ! Parfois, révélation et plaisir extrême sont au rendez-vous mais il s'agit alors de romans qui n'en sont pas vraiment. Par exemple, ce pavé de 500 pages dévoré en 48 heures - que son auteur considère lui-même comme un « roman pédagogique ». Cette fois, tout y est : sens du récit, vérité des personnages, profondeur de la pensée, et surtout totale adéquation avec mes questions et ma recherche intérieure. En plus, le héros se prénomme Julius, comme l'anti-héros de mon seul roman - le Messager -, la problématique étant la même pour les deux Julius (que faire quand nos jours sont comptés ?).
De surcroît, cette réflexion intense me renvoie page après page à un client avec qui je travaille depuis deux ans (je suis son nègre et j'espère que notre bouquin va enfin sortir cet automne). Cette homme très attachant et praticien avisé, à la fois pâtissier et psychanalyste de haut vol, (non dans l'orthodoxie mais davantage dans une perspective existentielle), bref mon client est lui-même confronté à cette situation, comme le Julius Hatzfeld du roman en question : un cancer vient d'être détecté. Quel sens donner à sa vie et à son activité ? Qu'est-ce qui apaisera son angoisse ? La philosophie, son énergie ou son métier de thérapeute ?
Et ces autres questions éternelles que je jette en vrac : pourquoi mourons-nous ? Comment vivre en sachant que rien, absolument rien, ni l'amour ni l'intelligence ni le fric ni le succès, rien ne nous protègera du grand saut dans le vide ? Comment dès lors se sentir encore libre et suffisamment heureux pour affronter le reste de notre vie ?
Des bribes de réponses dans cet extrait tiré des premières pages de mon livre de chevet.

Lire la suite

mardi 5 août 2008

AH ! CRUEL ! QU’AVEZ-VOUS FAIT ?

Cette fois, ça y est, après un court répit (suite à un arrêt de travail) il vient de s'envoler pour les Emirats Arabes Unis. Dernière nuit ensemble, ultime café à la terrasse, dernières recommandations et rire jovial pour masquer l'émotion. Evidemment, sont prévus quelques retours par-ci par-là mais la clause du contrat est formelle : deux ans. Evidemment, c'est rien deux ans ! Encore faut-il survivre, du moins trouver un autre rythme, un autre type de relation car tout sera comme avant mais rien ne sera pareil. Ce qui manquera ? La présence au quotidien, le contact, le cœur à corps. La peau, c'est ce qu'on a de plus profond, n'est-ce pas ? En tout cas, une bonne occasion de relire Racine, histoire de sublimer et de sourire car rien n'est grave, sauf de perdre l'amour. Or, l'attachement subsistera car le Temps est notre complice.

Mais relisons la fameuse scène de séparation… dans une version revue et corrigée ! Quelques ajustements de mon cru, humour oblige !

Lire la suite

lundi 4 août 2008

LES VOCATIONS

Questions embarrassantes ce matin au réveil : quel enfant étais-je ? Quels étaient mes rêves fous et profonds ? Quel adulte suis-je devenu ? Quelle part d'enfance ai-je accomplie… ou massacrée ? Disons : « laissé massacrer » - on peut se renier par excès de docilité. Peut-être pour notre rachat ou notre consolation reste-t-il ce mot de Nietzsche à vivre de toute urgence avec le peu qui reste de notre restant de vie : « Maturité de l'homme : cela veut dire avoir retrouvé le sérieux qu'enfant on mettait dans ses jeux » (Par delà bien et mal, n°94).

Lire la suite

samedi 2 août 2008

EXCLUSION, INDIGNATION ET CHAPE DE PLOMB

J'ai été consterné par le renvoi de Charlie Hebdo du vieil humoriste Siné suite à sa « petite phrase » sur Sarko junior (pas de quoi fouetter un rat, pardon, un chat). J'ai été à nouveau consterné par l'article ronflant de Bernard-Henri Levy dans Le Monde (il n'a même pas eu les couilles de citer la fameuse petite phrase en question). Une fois de plus, il nous a sorti le grand jeu de l'indignation notre fier showan intello à la liquette blanche, célèbre pour son complément capillaire, son pied-à-terre marocain, ses amitiés afghanes et son prestige de Sage de salon auréolé de blondeur platine. (Osant parler ainsi dans la France d'aujourd'hui, ne vais-je pas être traîné en justice pour diffamation ?).Heureusement, deux consolations majeures dans ce ridicule débat qui n'aurait pas dû exister : l'article de Luc Le Vaillant paru dans Libération du 29 juillet (« Pour que survive le mauvais esprit ») et le papier que je mets en ligne aujourd'hui et dont l'auteur bienfaisant se nomme Jean-Marie Laclavetine.
Encore un mot : Le Monde devrait se méfier de donner la parole prioritairement et quasi systématiquement aux intellectuels médiatiques bien introduits en cour (du genre déjà cité ou encore un Finkielkraut ou un Don Anatrella qui voient derrière chaque réverbère l'un un antisémite vichyssois, l'autre un dangereux pédé). À moins que cette complaisance médiatique ne serve qu'à lancer le débat, auquel cas c'est réussi !
Mais basta, revenons à notre cher Laclavetine et à sa bouffée d'air pur.

Lire la suite

vendredi 1 août 2008

CHRONIQUE D’UNE MÉLANCOLIE (15)

À partir du vendredi 25 avril 2008, et ce désormais avant chaque week-end, je mets en ligne un manuscrit inédit « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS, Journal romanesque (Août 1919 – Août 1920) ».
Ce volumineux « vrai faux » journal m'a demandé plus de deux ans de travail et a été refusé avec une belle unanimité par une quinzaine d'éditeurs. Trop long, trop littéraire, trop romantique, trop adolescentrique, trop ceci, pas assez cela etc. Tant pis pour eux ! Et tant mieux pour mes chers Internautes qui vont s'approprier ce monument de la Littérature intimiste (!). Petite curiosité : y aura-t-il parmi eux des petits malins qui, semaine après semaine, vont « copier coller » le Journal de Paul de manière à se constituer une édition perso ? Je l'espère bien : c'est cadeau ! Tout plutôt qu'un manuscrit qui jaunit dans un tiroir. Et puis, ce petit Paul de Montclairgeau durant les deux dernières années de sa vie, dans son Jura natal où à Paris ou il dépérit, ce jeune homme est si touchant, si contemporain, si rimbaldien, si agaçant aussi… il ressemble un peu à l'auteur comme un frère… forcément !
Embarquons donc pour ce Journal d'une âme, en se remémorant chaque fois les deux citations en exergue de l'œuvre et qui dès le porche l'éclairent :

On ne peint bien que son propre cœur, en l'attribuant à un autre.
CHATEAUBRIAND

Je me repens d'avoir assombri ma jeunesse, d'avoir préféré l'imaginaire au réel, de m'être détourné de la vie.
André GIDE (Les nouvelles nourritures)

Lire la suite