mardi 31 mars 2009
Par Michel Bellin,
mardi 31 mars 2009.
On sait que les Propos d'un Normand du philosophe Alain ont paru chaque jour sous ce titre dans la Dépêche de Rouen, du 16 février 1906 au 1er septembre 1914. La série entière comprend 3098 propos qui semblaient voués à l'oubli. Mais quelques lecteurs fervents s'entendirent pour conserver, parmi ces courts textes quotidiens, ceux qu'ils avaient le plus admirés.
Au sujet de ces Propos vivifiants, parfois drôles, Jean Jaurès écrivait le 15 mars 1914 : « Ce sont des notes rapides sur les sujets les plus variés et j'y trouvai un sens si tranquille et si pénétrant de la réalité, une telle force d'observation et d'analyse, une attention si exacte de n'être jamais dupe des apparences et des fictions, et en même temps un style si pur, si souple, si pénétrant que j'éprouvai un enchantement d'esprit. » Il ajoutait : « Les Propos me paraissent, à bien des égards, un des chefs-d'œuvre de la prose française. »
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lundi 30 mars 2009
Par Michel Bellin,
lundi 30 mars 2009.
Très souvent remontent à la surface de ma mémoire des lambeaux de poèmes… un demi vers boiteux par ci… un octosyllabe estropié par là… parfois juste quelques mots agrippés à une rime. Par exemple : « Midi, roi des étés épandu sur la plaine… » ou «…le coup dut l'effleurer à peine, aucun bruit ne l'a révélé mais la légère meurtrissure… » Ensuite, plus rien, le cerveau capitule : un grand blanc. J'enrage, j'épelle à mi-voix pour retrouver le Sésame. Toujours rien. Pas moyen de trouver la suite mais il suffirait peut-être de gratter par ci, de dépoussiérer par là… peut-être… c'est si lointain, un demi-siècle ! C'est si proche, encore si vivant en moi lorsque je ferme les yeux pour ressentir dans mon esprit embué toute cette imagerie verbale qui palpite et bat encore comme un petit cœur obstiné. Fragments d'enfance !
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dimanche 29 mars 2009
Par Michel Bellin,
dimanche 29 mars 2009.
Je viens de voir Harvey Milk. Non parce que ce film a décroché deux oscars, ni parce que durant la crise les Français soignent, dit-on, leur spleen dans les salles obscures, ni même parce que je partage avec le héros du film la fameuse “ différence ” et la culture qui va avec. Non, tout simplement parce que depuis mon adolescence je suis fou du 7ème Art et tombe très souvent dans ce “ traquenard voluptueux ” dont parlait Genet.
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vendredi 27 mars 2009
Par Michel Bellin,
vendredi 27 mars 2009.
Mon grand ami le comédien Denis Daniel va faire paraître prochainement aux éditions de L'Harmattan un recueil de ses souvenirs parfois attendrissants, souvent coquins, toujours narrés d'une plume alerte. Une réédition très attendue. Le titre en sera « Mon théâtre à corps perdu ». Tout un programme ! Ci-après, en avant-première, le récit d'une de ses aventures rocambolesques dans le pays des steppes.
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jeudi 26 mars 2009
Par Michel Bellin,
jeudi 26 mars 2009.
Le lendemain du suicide de mon père, j'ai fait le tour de la maison. Tout était bien rangé, papa savait faire ce genre de choses. La toile de plastique était étendue sur le sol du garage pour ne pas salir. La voiture reculée suffisamment pour ne pas être éclaboussée.
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mercredi 25 mars 2009
Par Michel Bellin,
mercredi 25 mars 2009.
C'est le titre du livre que je dévore en ce moment. Question : les vieux sages s'adonneraient-ils aux massages ? Tu n'y es pas du tout, ami(e) internaute !! Le sous-titre est plus explicite : « Sartre, Nietzsche et Barthes au piano ». Dans cet essai, François Noudelmann s'intéresse à la pratique instrumentale de ces trois grands penseurs. Comment la philosophie s'accorde-t-elle à cette pratique en contrebande ? Nietzsche par exemple, qui se rêvait compositeur plus que philosophe, adopta le piano comme son diapason, la table d'évaluation de ses idées, l'instrument de ses transfigurations intimes. Combattre Wagner, vaincre la lourdeur, épouser Lou, devenir méditerranéen… Nietzsche joua toute sa vie sur le clavier, même pendant sa folie.
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mardi 24 mars 2009
Par Michel Bellin,
mardi 24 mars 2009.
Après le discours apocalyptique du satanique Dr Tissot (cf. blog d'hier) pourfendeur de la branlette, après les contre-vérités sur la capote du sénescent et déliquescent Benedetto, seizième du nom, un brin de poésie s'impose. De l'air, de l'air, tellement ça pue ! Va-t-en, toubib faussaire, fous le camp, Pontife criminel, de l'air, de l'air, place à la jeunesse insolente : au printemps, tout renait, tout vit, même les chevaux de fiacre“ ont vint ans” ! Et tant pis pour la sempiternelle mélancolie du Poète rabat-joie !
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lundi 23 mars 2009
Par Michel Bellin,
lundi 23 mars 2009.
Je dois une reconnaissance éperdue à un petit livre qui, il y a dix ans (il était temps !), m'a totalement libéré de toute inhibition et de tout moralisme judéo-chrétien. D'ailleurs, chaque parent devrait bien le recommander à ses rejetons pré-pubères, qu'il s'agisse de filles ou de garçons. Le titre de l'opus : « L'Éloge de la masturbation » (Zulma, 1997). Dans la même collection, Philippe Brenot, psychiatre, sexologue, auteur et… bienfaiteur de l'humanité a fait paraître un autre petit livre essentiel : « Les Médecins de l'Amour ». Il m'a semblé judicieux de mettre en ligne régulièrement quelques extraits significatifs et, j'espère, apéritifs surtout en ces temps où souffle, d'Amérique ou du Vatican, un vent aigre de puritanisme.
Les “médecins de l'amour” existent depuis toujours, depuis que les hommes et les femmes connaissent les nombreuses difficultés de l'union amoureuse. Du chaman de la préhistoire aux prêtresses d'Ishtar, du poète Ovide à Léonard de Vinci, d'Ambroise Paré à Nicolas Venette, d'Havelock Ellis à Freud, à Masters & Johson… et à Brenot, ces médecins-là sondent les arcanes de l'âme pour en comprendre les plus intimes rouages et en soulager les blocages. Ils sont poètes, toubibs, anatomistes, psychologues… Ils ont été les pionniers de cette connaissance de la sexualité humaine, ils fondent nos idées dans ce domaine de l'intime et du secret qui est encore un tabou de nos sociétés alors que règne la misère sexuelle dans un désert éducationnel et une surenchère commerciale.
Vont donc défiler ici une quinzaine d'experts, chaque notice biographique étant suivie de brefs « morceaux choisis » que Philippe Brenot a nommés « documents de l'amour » (judicieusement traduits par lui en langage contemporain lorsque la langue est trop antique ou le jargon trop médical). Ces textes nous montreront toute la pré-science de ces hommes de connaissance, leur grande modernité ou encore la beauté de leur style littéraire.
Aujourd'hui, exceptionnellement, un anti-médecin de l'amour : SAMUEL AUGUSTE TISSOT ! Un beau saligaud pourtant « incontournable ».
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samedi 21 mars 2009
Par Michel Bellin,
samedi 21 mars 2009.
A la veille du Sidaction, effroyable scandale : le pape Benoît XVI condamne à son tour le préservatif. Contre la pandémie, seul - sermonne-t-il - le sursaut spirituel ! Ce Souverain Poncif-là est un danger public. Un monstre froid. Un tueur. Point. Rien d'autre à en dire, ce serait trop d'honneur. Juste des larmes de rage.
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vendredi 20 mars 2009
Par Michel Bellin,
vendredi 20 mars 2009.
J'ai écrit cette petite poésie le jour de mes 50 ans. Une décennie plus tard, en ce radieux matin de printemps, je la relis : rien à y redire, pas le moindre mot à remplacer, la plus infime virgule à déplacer et je me sens dix fois plus jeune que jamais. Plutôt intemporel, de moins en moins asservi et donc de plus en plus heureux. Une telle immaturité, un tel manque de productivité, une telle résistance passive et enjouée au “tsarkozisme névrotique”, est-ce grave, docteur ?
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jeudi 19 mars 2009
Par Michel Bellin,
jeudi 19 mars 2009.
Lutte et solidarité !Choc du silence.Autre présence...A demain, 1er jour du printemps !
mercredi 18 mars 2009
Par Michel Bellin,
mercredi 18 mars 2009.
Que faire durant les sept heures du vol Emirats reliant hier après-midi Dubaï à Paris sinon lire ? Lire plutôt que se laisser accaparer par le ridicule petit écran censé vous divertir ! J'ai donc dévoré tout « Madame Bovary ». J'avoue à ma grande honte n'en avoir goûté jusqu'alors que quelques extraits. Quelle légèreté de ma part ! Il est vrai que certains chefs d'œuvre paralysent à l'avance tant leur gloire est massive. Or ce roman, furieusement moderne, vous happe et ne vous lâche plus. Une sublime folle, cette Emma ! Sainte (nitouche) et perverse ! Et que dire de sa mort pathétique entre hurlements hystériques et longs crachats noirâtres empuantis d'arsenic tandis qu'un aveugle borgne blasphème sous sa fenêtre ! J'ai vraiment pris mon pied tant c'est sublime et prosaïque, féminoïde et universel. Oui, j'admire tardivement et j'envie avec jalousie le talent de Flaubert, double talent psychologique et littéraire comme l'avait noté Baudelaire : « … il a réussi à se dépouiller (autant que possible) de son sexe et de se faire faire femme. Il en est résulté une merveille. »
Affleurent si souvent le cynisme de l'auteur, son sens de la dérision et de la corrosion sociologique. Ces deux passages m'ont particulièrement réjoui (évidemment puisqu'il s'agit de christianisme honni !). C'est d'ailleurs sur ces extraits que s'est appuyé Maître Ernest Pinard, avocat impérial, pour tenter de faire interdire l'ouvrage pour « offenses à la morale publique et à la religion ».
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mardi 17 mars 2009
Par Michel Bellin,
mardi 17 mars 2009.
Je contemplais hier matin cette immense étendue étale. Face à moi, invisible dans la brume, aussi improbable qu'incontestable, le Pakistan. Que fais-je ici – me disais-je – petit boulonnais ayant horreur du soleil implacable, des voyages fatigants et des contrées lointaines ! Il n'empêche, ce dépaysement est salutaire, jouissif, essentiellement poétique : ne pouvant me baigner, à cause de la « marée rouge » (prolifération anarchique de phytoplanctons), j'ai ramassé des coquillages sur la grève. Que de splendeurs variées, multicolores “porcelaines” au creux de ma main ! Un délassement de rêve entre horizon marin et dunes solitaires…
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lundi 16 mars 2009
Par Michel Bellin,
lundi 16 mars 2009.
Lucien Jacques (1891-1961) était artisan, berger au Contadour et à Montlaux durant la guerre, ami intime de Giono. Pacifiste, passionné par les arts, il dit dans ses poèmes sa foi en l'homme. C'est aussi mon credo.
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dimanche 15 mars 2009
Par Michel Bellin,
dimanche 15 mars 2009.
Non, rassure-toi, ami(e) internaute, en ce Jour du Seigneur ce n'est pas une leçon de catéchisme. Il ne manquerait plus que çà en cette terre d'Islam où je pianote sur mon portable. Uniquement une leçon de style. Et c'est signé Flaubert.
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samedi 14 mars 2009
Par Michel Bellin,
samedi 14 mars 2009.
Dès cinq heures, le muezzin m'a arraché au sommeil (je l'ai maudit et ai pesté une fois de plus contre les religions), les oiseaux piaillent dans la cour, il fait déjà une touffeur odorante où je me sens en apesanteur. Toutes les portes-fenêtres sont ouvertes pour que circule un courant d'air bienfaisant. L'Ami est parti quelques heures visiter son chantier de dessalement d'eau de mer. Je reste seul et relis « Les Nourritures terrestres ». Rien de commun entre Alger la Blanche et l'Emirat de Fujairah. Pourtant, la même indolence paisible, cette sensation du temps étiré et une forte connivence entre les mots de Gide et ma mollesse béate. Ce qui nous différencie : son incessante activité à prospecter les alentours de Blidah et ma paresse décomplexée, nudité alanguie et cerveau dans la ouate !
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vendredi 13 mars 2009
Par Michel Bellin,
vendredi 13 mars 2009.
Lorsque j'ai découvert tout récemment ce poème de jeunesse de Maupassant, j'ai immédiatement pensé à Paul, le jeune héros de « Cet été plein de fleurs ». Je l'imagine en train de gravir le Mont Terminus, tout exalté, vibrant, communiant à la nature en fête et songeant à celle qui plus tard allait tant le décevoir. Mon Don Quichotte de Montclairgeau aurait pu se réciter ces vers pour conclure en frissonnant : « Oui, mère, je suis malade, et bien plus malade que vous ne le redoutez, de cette maladie jumelle si rare et si funeste chez votre fils : la tristesse de l'amour et l'amour de cette tristesse. » Sauf que chez l'auteur de « Bel ami », c'est plutôt la joie qui domine, pleine de non-dit. Une page bucolique où s'esquisse une idylle un peu gauche et, du coup, bien attendrissante.
Post scriptum : ça y est, c'est fait, après un mois et demi de retard, « CET ÉTÉ PLEIN DE FLEURS » est paru et enfin disponible en librairie. Un gros volume d'un beau bleu profond et que j'ai relu dans l'avion en partance pour Dubaï. À la fois comblé (pas trop de coquilles !) et légèrement inquiet : quelle œuvre étrange ! N'est-elle pas surannée ? Trop statique ? Qu'est-ce que mes lecteurs vont comprendre à ce changement de cap romantique ? Je n'eus pas le moindre début de réponse à ces questions lorsque, épuisé et ravi, j'ai fini par m'endormir dans les bras de Paul. Sauf qu'il y avait aussi dans mon boeing le giron accueillant de Lilly, de Colette, de Mlle de Larmina dite « la jolie poupée » et de la pétulante Lolo de Catelin. Quand je vous disais qu'il s'agit d'un changement de cap bellinesque !
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jeudi 12 mars 2009
Par Michel Bellin,
jeudi 12 mars 2009.
L'Ami et moi, nous nous sommes donc retrouvés ce matin dans l'un des Emirats. No comment ! Une fois de plus s'est vérifiée la phrase du cher Onfray que j'avais mise en exergue au début d'un de mes sulfureux opus: « Désirer, c'est expérimenter le travail d'une énergie qui engorge et appelle expansion. » Nous voilà donc délicieusement et réciproquement désengorgés ! Quant à ma nouvelle « Ivresse alpine », on peut toujours se poser cette question : est-ce érotique ou pornographique ? Ou encore : quel rapport avec la littérature, étant entendu – dixit Roland Barthes, dans sa préface de Tricks – que « la littérature est là pour donner un supplément de jouissance, non de décence. » Ouf ! Donc, foin de décence, repartons dans notre auberge du Queyras. Evidemment, rien à voir avec le Golfe d'Oman. Ici, il fait 35° à l'ombre. Je pianote sur mon clavier pour mettre mon texte en ligne. Face à la mer, nu comme un ver, abrité tout de même par un bougainvillier exubérant. Au loin, les silhouettes de nombreux pétroliers à l'ancrage. Plus loin encore, c'est l'Iran… mais, retour à l'alpage : que va-t-il arriver au charmant Sigismond, toujours enclin aux saignements de nez et qui n'a qu'une envie, naïf souriceau : échapper à la brute qui lui tient lieu de père (banquier à Genève) pour venir en douce me rejoindre… moi, le terrifique Raminagrobis qui déjà ronronne en remuant la queue !
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mercredi 11 mars 2009
Par Michel Bellin,
mercredi 11 mars 2009.
Dans un peu moins de 24 heures, je retrouverai l'homme que j'aime dans son Emirat lointain. Voilà trois mois que nous ne nous sommes pas revus, encore moins étreints. C'était l'an passé, très exactement le 9 décembre. Ce genre de retrouvailles se prépare. Au physique d'abord : filer chez le coiffeur, raboter la bedaine, désherber les mirontaines, se parfumer, se pommader et j'en passe ! Au mental aussi : débrider son imaginaire, affuter son humour… Quant au cœur, pourquoi ne pas l'enjoliver avec des grâces de vieille midinette !
Bref, ce matin, pour me mettre en forme et en appétence, je mets en ligne une nouvelle érotique. Evidemment très hot ! Donc plan Orsec habituel : qu'on éloigne de l'écran les mineurs, les belles âmes, les vierges effarouchées, les “ tradis ” coincés, les veuves de guerre, les enfants de chœur, les femmes enceintes, les cardiaques, les anorexiques, les catholiques et tous les hétéronormés purs et durs… S'il reste un tout petit peu de monde devant mon blog – les gays, je présume, et quelques meufs libérées – je leur souhaite la bienvenue au Queyras, ce haut lieu de tous mes fantasmes !
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mardi 10 mars 2009
Par Michel Bellin,
mardi 10 mars 2009.
Pays africains, pays musulmans et Saint-Siège ont fait bloc le 18 février dernier à l'ONU contre la reconnaissance de l'homosexualité, en s'opposant catégoriquement à la mention du concept d'“orientation sexuelle” dans un projet de déclaration internationale en cours d'élaboration. Emmenés par le Saint-Siège, l'Afrique du Sud, les pays du groupe africain, les pays musulmans dont l'Iran, l'Arabie saoudite et l'Indonésie se sont vigoureusement opposés à ce que ce texte, qui doit être adopté en avril à la conférence de Genève sur le racisme (dite « Durban II »), mentionne ce concept.
Je suis quant à moi fatigué de monter en première ligne pour contrer et confondre ceux qui précisément confondent anthropologie et idéologie, biologie et théologie, Nature et Révélation, diplomatie et ingérence. Et pourtant, encore et toujours je me bats, sans espérer convaincre ni amadouer, car, comme disait Gide, glorieux pédé devant l'Eternel, « Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent. » Et il ajoutait pour faire bonne mesure : « doutez de tout, mais ne doutez pas de vous-même. »
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lundi 9 mars 2009
Par Michel Bellin,
lundi 9 mars 2009.
Je suis tombé amoureux d'une voix. Peu m'importe qu'Antony Hegarty ait l'envergure physique d'un géant blond androgyne et emprunté, son destin me touche, sa personnalité me fascine, sa voix me porte et me transporte. J'écoute son dernier album en boucle (“The Crying Light”). Une voix haut perchée, comme je les aime, souple, caressante, insinuante, aérienne et charnelle, puissante et feutrée, une voix languide qui s'enroule, se déroule et qui vous emporte dans un flot de rêveries, portée par des violons suaves et un piano cristallin. Voix tantôt plaintive, tantôt caressante : avec mon Ange, je suis au Ciel ! Loin de la crise et des faits divers. À des années-lumière de toute trivialité. Et je me retrouve au milieu du chœur de mes aimé(e)s qui font pleuvoir sur notre terre une pluie de roses emperlées de larmes : Klaus Nomi, Philippe Jaroussky, Jeff Buckley, Nina Simone… Deo gratias.
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dimanche 8 mars 2009
Par Michel Bellin,
dimanche 8 mars 2009.
Cet illustre poème (si complexe et si lumineux !) que j'ai fini par apprendre par cœur figure à l'avant-dernière page de mon dernier livre précédé de la mention « En guise d'épitaphe ». Hommage désenchanté à la féminité ? En tout cas, écrit de circonstance en cette Journée mondiale de la Femme dont on peut d'ailleurs s'interroger sur l'opportunité.
Rimbaud n'avait pas encore 17 ans lorsqu'il composa ce texte et l'envoya à Verlaine (août 1871). Ce dernier le recopia fidèlement, sauvant sans doute cette page des mains purificatrices de sa femme Mathilde.
La semaine dernière, sur le site du Monde.fr, je me suis gentiment pris de bec avec une certaine Louise Gaggini, passionaria enragée autant qu'écrivaine prolixe et exaltée (à quel sujet ? Evidemment la mise en boîte de DSK pas Stéphane Guillon ! La dame n'avait pas, mais pas du tout apprécié.). Je l'ai gentiment chambrée. Je crois que nous nous sommes quittés pas trop fâchés après cet ultime pastiche pour clore notre passe d'armes :
« … puisque vous préparez un nouveau manuscrit, d'auteur à auteure, foin d'imposture, revenons à la Littérature. Vous êtes sans aucun doute femme consolatrice ; c'est donc dans votre giron, suspendu à vos lèvres, sous vos longs cheveux blonds, ô Femme, monceau d'entrailles, pitié douce, c'est donc à vous, ma sœur de charité, que je confierai la peine d'un écrivain manchot que sa plume a niqué : “ Je suis le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé/Je suis le Ténébreux et vous l'Illuminée/Je suis le Ténébreux dans le frais cresson bleu/Je suis le Ténébreux, je vis par vos beaux yeux/Je suis le Ténébreux, le gland, le vénéneux/Je suis le Ténébreux étrange et pénétrant/ Je suis le Ténébreux, vous, Louise et moi… Tarzan !” »
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samedi 7 mars 2009
Par Michel Bellin,
samedi 7 mars 2009.
Dans quelques jours, mon trisocomique de fils va entrer dans un ESAT. Ce nouveau mot barbare désigne un centre d'aide par le travail. Nouveau projet de vie. Enfin ! Depuis si longtemps sa mère et moi guettions ce sésame. Avec quelle inquiétude ! Quelle impatience aussi. Car, comme les trois autres, il va lui falloir quitter le nid, même s'il est nettement moins doué pour voleter tout seul.
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vendredi 6 mars 2009
Par Michel Bellin,
vendredi 6 mars 2009.
Stéphane Bouquet est né en 1967. « Dans l'année de cet âge » est son premier livre. Il est sous-titré : “108 poèmes pour & et les proses afférentes”. C'est-à-dire que la 1ère partie est constituée de 108 poèmes plus ou moins sibyllins et que la 2ème partie renferme les 108 commentaires en prose correspondants.
J'aime ce va et vient, j'aime cette immense poète qui me touche et m'émeut au plus profond (me fait sourire parfois) car son écriture poétiquement bancale évoque si bien le temps qui passe, le corps qui se délabre, les soubresauts d'émoi que procurent les jeunes mecs bandants.
…et aussi la mort qui, en se jouant ou en ricanant, progresse.
Ce matin, ces mots pasoliniens m'ont touché, moi qui n'ai plus de mère et ne parviens pas à me souvenir d'elle, pas même à le désirer.
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jeudi 5 mars 2009
Par Michel Bellin,
jeudi 5 mars 2009.
Ecrivain sous le manteau, domicilié à Vesoul, réfractaire au genre dominant (le roman), André Blanchard est un chroniqueur redoutable pour peindre son paysage intérieur, et celui de ses contemporains. Habile greffier de ses pensées noires, il a publié récemment de nouveaux Carnets. Quelques extraits pour sourire ou, plus souvent, grimacer… ce qui est selon moi très jouissif en temps de crise !
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mercredi 4 mars 2009
Par Michel Bellin,
mercredi 4 mars 2009.
C'est le titre du livre que je dévore en ce moment. Question : les vieux sages s'adonneraient-ils aux massages ? Tu n'y es pas du tout, ami(e) internaute !! Le sous-titre est plus explicite : « Sartre, Nietzsche et Barthes au piano ». Dans cet essai, François Noudelmann s'intéresse à la pratique instrumentale de ces trois grands penseurs. Comment la philosophie s'accorde-t-elle à cette pratique en contrebande ? Comment le militant surbooké qu'était Sartre prenait-il le temps de déchiffrer des partitions de Chopin et de Debussy ? Pour quelles intensités et quels rythmes secrets ?
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mardi 3 mars 2009
Par Michel Bellin,
mardi 3 mars 2009.
SONT SEULES RÉCOMPENSÉES. Tel est du moins le titre du recueil poétique que je découvre ce matin. Son auteur, Stéphane Thlliez, me l'avait offert à Thourotte il y a trois ans avec cette dédicace : « Ces amours ici jetées… qu'elles nous aident à aimer et à voyager toujours plus haut, toujours plus beau. »
Ami au loin, liras-tu mon dernier livre que je t'ai envoyé ? T'es-tu demandé pourquoi mon jeune héros portait le même prénom que toi, plus exactement le même demi-prénom ? Et auras-tu la patience de lire et de décrypter ces très (trop) longues phrases, toi qui a laissé tombé ce verdict : « Aussi beau qu'ennuyeux ». Mais l'amour peut-il être ennuyeux ?! « Si pour complaire à ta pudeur,/il me faut brider mes ardeurs,/je préfère casser ma plume/et juger nos amours posthumes !
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dimanche 1 mars 2009
Par Michel Bellin,
dimanche 1 mars 2009.
Pour incarner la France, il faut un corps, une stature, une aura. Car le corps ne ment pas, ni les yeux, ni la bouche, ni la voix, ni les mimiques, ni la taille, ni le port ni la marche ni le geste. " Aucun mortel ne peut garder un secret - disait Freud - si les lèvres restent silencieuses, ce […]
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