Je ne vitupère pas cet état de choses auquel je ne participe pas. J’essaie surtout de ne pas m’immiscer, évidemment de ne rien envier ! Donc, je me tiens à distance, enfermé dans mon propre antre solipsiste. En ce qui me concerne, cette période entre le 24 décembre et le 2 janvier, je la ressens comme un interminable tunnel dans lequel je refuse à tout prix de m’introduire et de me laisser conduire. Autrefois, je le traversais en râlant et en regimbant. Plus je vieillis, moins je suis infiltré par l’ironie ou, pire, le cynisme. Je devrais écrire : moins je me laisse infiltrer… car il s’agit encore d’un combat intérieur, d’une résistance pas toujours confortable, d’un choix de solitude heureuse librement assumé.
Pour finir, je me dis que l’Art est moins décevant que les bipèdes, surtout quand ils bêtifient et réveillonnent. C’est pourquoi, sous toutes ses formes, je le réactive en cette période festive. Beaucoup de Musique, de Poésie, de Philosophie (le cher Comte-Sponville et la Sagesse antique), la Gastronomie et, bien sûr, un soupçon d’Erotisme… pour autant qu’Ami et Amant ne soient pas aux abonnés absents à cause de « La Grande Fête Dégoutante » qu’eux aussi célèbrent et privilégient. Pardon ! J’ai promis que je ne serais ni moqueur ni cynique, seulement patient. Mais un peu d’amertume ne disconvient pas, comme dans les meilleurs bières, n’est-ce pas ? (Evidemment, comme il se doit, une mousseuse et fruitée Leffe de Noël estampillée, idéale et incontournable pour le Réveillon !)
Sur ce, retournant à mes préférences alcoolisées ou culturelles, avant de reprendre ma lecture des Mémoires d’Hadrien puis d’écouter Ravel ou Poulenc, pour rester dans de bonnes dispositions, je vais me verser un gros doigt de single malt NIKKA et le siroter en écoutant mon poème préféré, celui de Baudelaire tiré de ses merveilleux poèmes en prose, que j’ai tenu à enregistrer sur YouTube pour m’auto-persuader ?! (antre solipsiste oblige)... juste une poignée de phrases me tenant lieu de viatique, d’alcool fort et de vœu pour 2025 – déjà en sa vigile :
« (…) Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
PS – J’allais oublier ! Mon seul et très grand plaisir en cette période : préparer mes cadeaux de Noël. Les choisir (parfois les dédicacer), les enrubanner, les emballer dans des pochettes décorées, les poster au bon moment pour que chacun arrive la veille de la date fatidique… J’avoue ne jamais me lasser de ma joyeuse prodigalité !